« Nous sommes sous les tentes depuis seize mois. Nous sommes livrés à nous-mêmes et, jusqu'à aujourd'hui, aucun responsable n'est venu pour s'enquérir de notre situation et mettre fin à notre calvaire », dénoncent les sinistrés du séisme du 21 mai 2003, installés sur le site de la piscine olympique de Tizi Ouzou. Évacuées en urgence après la tragédie vers ledit endroit qui appartient à l'UGTA, les 29 familles qui y sont relogées sous les tentes vivent dans de mauvaises conditions. Les démarches entreprises auprès des autorités locales de la wilaya de Tizi Ouzou, les requêtes adressées au chef du gouvernement depuis plusieurs mois sont restées lettre morte. Les élus de l'APC et le chef de daïra de Tizi Ouzou sont mis à l'index pour « non-prise en charge des sinistrés ». Plusieurs actions de protestation, dont des sit-in devant le siège de l'APC et de la wilaya Tizi Ouzou, ont été organisées par ces familles sans avoir gain de cause. Les sinistrés ont donc décidé d'interdire, depuis dimanche, l'accès à la piscine olympique où des travaux de réfection sont en cours de réalisation. Le portail d'entrée au site était cadenassé. Des banderoles, réclamant leur relogement, ont été accrochées aux murs. « Les eaux de pluie s'infiltrent de partout et la chaleur à l'intérieur des nos tentes est insupportable durant l'été », s'indigne Mouloud, qui ajoute : « Ma femme a accouché au 7e mois à cause de cette situation lamentable. » Ces tentes servent à la fois de dortoir, de douches et de cuisine. Les riverains affirment que « l'une des tentes a pris feu et a causé de sérieuses brûlures à un enfant, hospitalisé plus de vingt jours dans un hôpital à Alger ». Les ordures ménagères se sont accumulées à quelques mètres du camp de toile. Elles ont formé une décharge qui n'est pas sans danger sur la santé des enfants qui jouent à proximité. L'endroit ne dispose pas de sanitaires et les tentes installées les unes à côté des autres ne laissent aucune place à la vie privée. Les femmes se plaignent du manque d'hygiène, conséquence du manque d'eau. « Elles s'approvisionnent chez le voisinage », affirme-t-on. L'autre son de cloche est celui des autorités locales. « On ne peut pas qualifier de sinistrée une personne qui possède un grand logement à une dizaine de kilomètres de la ville de Tizi Ouzou et qui a essayé de squatter une vieille demeure de la haute ville », nous dit le chef de daïra, étayant ses propos par des documents. « Il reste encore 30 familles sur le site de la piscine olympique dont trois sont venues d'autres communes, trois habitant le bidonville de Oued Aïssi, trois possédant des logements de fonction de l'éducation dans des établissements scolaires de la localité et qui sont fermés à clé », ajoute le responsable. « Les autres des familles, poursuit-il, dont les bâtisses sont classées vert 1 et 2 après les expertises de nos services, elles ont refusé les aides débloquées par l'Etat pour les travaux de réfection. » Les sinistrés affirment que le premier magistrat de la daïra a refusé de les recevoir. Ce dernier a déclaré, quant à lui : « J'ai reçu chacun d'eux individuellement et rempli les fiches de renseignements sur la base de ce qu'ils ont déclaré après le séisme. J'ai mené moi-même le travail d'enquête sur le terrain et personne parmi eux ne peut remettre en cause les résultats de plusieurs semaines. »