A un mois et demi du rendez-vous de la tripartite, le FLN veut anticiper «La moyenne des salaires représente 20% du PIB alors que la norme au niveau mondial est de 35%.» Le travailleur algérien est mal payé. Ce constat ne vient pas d'en bas mais d'en haut. C'est le ministre du Travail et de la Sécurité sociale qui l'a reconnu en personne. Tayeb Louh a mis de côté sa casquette de ministre pour s'exprimer à l'aise sous celle de son parti, le FLN. Lors d'une rencontre, organisée au siège du parti sur «le dialogue social et son rôle dans le développement social et économique», M.Louh a fait une révélation. «La moyenne des salaires représente 20% du PIB alors que la norme au niveau mondial est de 35%», a-t-il déclaré. Ce détail n'a jamais été révélé par le ministre qui a eu à s'expliquer à plusieurs reprises sur la question épineuse des salaires. «C'est la première fois que je le dis, mais pas en tant que ministre», a-t-il tenu à préciser devant une nombreuse assistance. Les propos de M.Louh sont loin d'être fortuits. Bien au contraire, ils apportent une précision de taille sur un sujet très sensible, à savoir les salaires. En s'exprimant sous la casquette du parti, M.Louh a saisi l'occasion de sauver sa peau sur une question où, le gouvernement est constamment interpellé. «Le FLN a toujours réitéré sa position sur l'amélioration du pouvoir d'achat», a rappelé M.Louh. Autrement dit, le FLN n'est pas contre une amélioration du pouvoir d'achat, mais son rival du RND s'y oppose. Toutefois, M.Louh précise que toute augmentation de salaire au niveau national est décidée par les membres de la tripartite et en concertation avec le gouvernement. Même si le FLN se dit favorable à une augmentation, il n'en demeure pas moins que la décision ne dépend pas uniquement de lui. Le FLN revendique la paternité du pacte économique et social. «Le pacte économique et social a été élaboré au moment où le FLN était à la tête du gouvernement», a rappelé M.Louh. Le vieux parti cherche à épingler son rival du RND qui est aux commandes de l'Exécutif. Le choix du sujet sur le dialogue social traduit parfaitement l'arrière-pensée du vieux parti. Surtout que la conjoncture actuelle est marquée par des grèves cycliques qui touchent tous les secteurs, en particulier, celui de la santé. Pour le FLN, il est vrai que ses ministres siègent au gouvernement, mais il reproche la mauvaise gestion au patron de l'Exécutif. Le FLN qui est majoritaire au Parlement veut à tout prix reprendre les rênes du gouvernement. C'est pourquoi, son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, multiplie ses appels à un changement du gouvernement. «Un remaniement ministériel est imminent», a déclaré à plusieurs reprises M.Belkhadem. Lors de son intervention, le secrétaire général du FLN a mis l'accent sur le dialogue. «Le dialogue est un outil important pour le règlement des problèmes», a-t-il affirmé. Selon lui, rien ne se fait sans le dialogue. Faisant allusion au mouvement de grève, M.Belkhadem rappelle: «C'est grâce à ce dialogue que nous sommes arrivés à la conclusion du pacte économique et social.» En fait, M.Belkhadem sait très bien ce qu'il entend faire passer comme message. A un mois et demi du rendez-vous de la tripartite qui se penchera sur le dossier des salaires, le FLN veut anticiper en s'affichant d'ores et déjà pour une augmentation. En revenant sur cette question, le FLN veut dissimuler les calculs purement politiques. Avec les élections législatives, la rémunération des travailleurs peut lui garantir beaucoup de voix.