Le phénomène n'est pas nouveau, mais il ne cesse de prendre de l'ampleur. La fuite des banquiers vers des cieux plus cléments du point de vue salaire et conditions de travail sont légion. Les compagnies et banques privées et étrangères font tout pour attirer les banquiers du secteur public. Or, les banques algériennes restent impuissantes face à cet exode et peinent à maintenir leurs compétences potentielles. «Il y a au moins une centaine de cas chaque année», a affirmé un syndicaliste de la Cnep/Banque. Le phénomène est très loin d'être négligeable, «il est en constante augmentation ces quatre dernières années», indique la même source. Rien qu'au niveau du réseau de la Cnep d'Alger, «on a recensé 70 départs durant l'exercice actuel», déplore-t-il encore. Le Canada, la Tunisie le Maroc et les entreprises étrangères sont les destinations vers lesquelles ils ont opté. Le nombre de départs comptés jusqu'ici dans le secteur bancaire dépasse aisément un millier durant les 3 dernières années et autant dans le secteur des assurances. Cependant, à quelque chose malheur est bon! Les départs constituent une aubaine pour certains responsables. «Cette situation leur donne toute latitude de faire des recrutements», regrettent de nombreux syndicalistes. De plus, avec les nouvelles réglementations en matière d'assurance, des centaines d'agents et cadres d'assurances risquent de se retrouver au chômage, selon un responsable d'une compagnie d'assurance. Car au moins une dizaine de sociétés d'assurances n'ayant pas procédé, jusque-là, à la séparation de leur activité relative aux assurances de personnes de celle portant sur les assurances de dommages ne peuvent plus souscrire et commercialiser des produits d'assurances de personnes. L'arrivée en Algérie de grandes banques internationales a été faite durant les deux années, 2006 et 2007. Depuis la promulgation du règlement de septembre 2006 fixant les conditions de constitution de banques et d'établissements financiers et d'installation de succursales de banque, et d'établissements financiers étrangers, le conseil de la monnaie et du crédit (CMC) a accordé près d'une dizaine d'autorisations de constitution de banques. Dans ce contexte, les enseignes étrangères affichent des résultats exceptionnels. C'est le cas de Natexis,la Société Générale, BNP Paribas qui dégagent l'un de leurs meilleurs résultats nets au plan mondial. Les institutions financières et bancaires nécessitant déjà la mise à niveau en matière de développement de la monétique et la formation des cadres bancaires, sont frappées de plein fouet par cette transhumance des compétences. Chaque banquiers draine avec lui plusieurs portefeuilles clients. Parfois, le portefeuille asséché suite à un seul départ peut aller jusqu'à plusieurs centaines de clients, affirment plusieurs banquiers. En fait, malgré l´effort salarial continu consenti dans le secteur, le phénomène de l´exode vers les banques étrangères, voire carrément à l´extérieur du pays comme la Tunisie, n´est pas près de s´arrêter. Cela constitue une perte sèche pour nos banques. Outre la revalorisation salariale pour maintenir le personnel, l´adaptation au poste exige une formation continue des banquiers. «Chaque agent a droit à une formation qu´il reçoit chaque 6 mois dans le cadre de la gestion active des compétences», a confié un délégué de l'association des banques. «La formation est dispensée au niveau de 16 structures internes que compte le secteur», selon le même délégué. Il est clair que ceci génère des dépenses faramineuses. Cependant, force est de constater que plusieurs sont des banquiers formés à coup de millions de dinars qui sont tentés par le secteur privé étranger mieux rémunérateur. Ainsi, sur le plan des salaires, les banquiers se comparent, non pas aux autres catégories sociales, mais plutôt à leurs homologues des banques étrangères.