Les organes interbancaires, agissant au sein de l'Abef, travaillent pour revoir les structures des salaires, et “mieux rémunérer les compétences qui ont de la valeur sur le marché”. Le secteur bancaire connaît une véritable hémorragie de cadres. Le phénomène a pris des proportions telles qu'il inquiète les instances officielles et les organes interbancaires agissant au sein de l'Association des banques et établissements financiers. Selon une source proche du milieu bancaire, sur trois ans plus de 2 000 cadres ont quitté les banques publiques pour exercer dans les banques privées, attirés par des salaires plus intéressants. “Les banques publiques se vident de leurs meilleures compétences”, affirme notre source. Plusieurs réunions ont été organisées au niveau de l'Abef. Les banques étrangères, installées en Algérie, offrent des rémunérations 3 à 4 fois supérieures au salaire que perçoit un banquier qui exerce dans une banque publique. Si l'Etat a procédé au renflouement d'entreprises publiques dont elles sont créditrices, c'est sur d'autres ressources qu'elles expriment leurs inquiétudes. “Notre vivier de cadres est pillé par les banques étrangères qui arrivent en Algérie, c'est dramatique”, se désespère un responsable d'une banque publique. “On les forme et quand au bout de 6 ans de travail ils sont fins prêts, d'autres viennent les cueillir sans efforts avec des plans de carrière et des salaires plus élevés.” Avec l'élargissement du réseau de ces banques, les cadres et techniciens des établissements publics sont très convoités. “Le marché a fait émerger certaines compétences et ce sont ces compétences qui sont demandées”, explique notre source. Du coup, les organes interbancaires, agissant au sein de l'Abef, travaillent pour revoir les structures des salaires, et “mieux rémunérer les compétences qui ont de la valeur sur le marché”. Cette préoccupation “est placée comme une priorité”, pour stabiliser les équipes et arrêter l'hémorragie. Au niveau des banques, cet élément : “le salaire” est considéré comme “de gouvernance”. Pour rappel, l'ordonnance du 07-01 du 1er mars 2007, relative aux incompatibilités et obligations particulières attachées à certains emplois et fonctions et qui réglemente le départ de cadres de l'Etat vers le privé. Mais, le législateur n'a pas clarifié la catégorie, le niveau et le statut des cadres qui en sont concernés. “Elle s'applique aux titulaires d'un emploi d'encadrement ou d'une fonction supérieure de l'Etat exerçant au sein des institutions et administrations publiques, des établissements publics, des entreprises publiques économiques, y compris des sociétés mixtes où l'Etat détient 50% au moins du capital ainsi qu'au niveau des autorités de régulation ou tout autre organisme public assimilé assurant des missions de régulation, de contrôle ou d'arbitrage”. L'on disait alors que l'ordonnance a été imposée par le départ important des cadres de la Sonatrach vers des sociétés étrangères. Mais au-delà des artifices juridiques, la question de la gestion des ressources humaines se pose avec acuité. Notre source affirme que la question des salaires des banquiers a été prise en charge par le gouvernement. M. Rabhi