Le document ne semble pas arranger le royaume marocain déjà éprouvé par les islamistes. Le plan Baker a été déposé, vendredi dernier, par les Etats-Unis au Conseil de sécurité de l'ONU lors de consultations à huis clos et immédiatement distribué à la presse. Le projet affirme que le Conseil de sécurité entérine le plan de règlement du problème du Sahara occidental présenté fin mai par l'envoyé spécial de Kofi Annan dans la région, l'ancien secrétaire d'Etat américain James Baker. Ce plan - le cinquième en douze ans - prévoit que le statut définitif de l'ancienne possession espagnole, occupée par le Maroc depuis 1975, mais dont le Front Polisario demande l'indépendance, sera décidé d'ici à cinq ans par un référendum. Boukhari, représentant de l'organisation politique sahraouie auprès des Nations unies, s'est déclaré disposé à apporter sa contribution pour l'exploration d'un nouveau plan de James Baker sans toutefois abandonner le plan de règlement initial en vigueur au Sahara occidental depuis 1991. «Le Front Polisario sans abandonner le plan de règlement de 1991, serait disposé à contribuer à l'exploration effective de la voie proposée par James Baker pour arriver à l'objectif inéluctable d'autodétermination du peuple sahraoui», a-t-il déclaré. Selon le diplomate sahraoui, cette position est le reflet de la volonté du Front Polisario à «contribuer à une paix juste et durable conformément à la légalité internationale» et une réponse «aux désirs constamment manifestés par plusieurs pays au sein et en dehors du Conseil de sécurité parmi lesquels l'Algérie et l'Espagne». Le plan entériné par le projet de résolution américain prévoit, à l'issue d'une période de quatre ans minimum et cinq ans maximum, la tenue d'un référendum. Dans l'intervalle, une autorité administrative, l'Autorité du Sahara occidental, dont le chef exécutif et l'assemblée législative seront élus, doit prendre en charge ce territoire actuellement occupé par le Maroc. Inocencio Arias, l'ambassadeur d'Espagne qui assure la présidence du Conseil de sécurité, a annoncé le dépôt de cette résolution après avoir indiqué que le Front Polisario et l'Algérie s'étaient déclarés en faveur du plan de règlement. Le projet, qui fera également l'objet de consultations d'experts au Conseil de sécurité cette semaine, prolonge également jusqu'au 31 octobre prochain le mandat de la Mission de l'ONU pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), qui expire le 31 juillet. La tenue du référendum à laquelle fait référence le document ne semble pas arranger le royaume marocain déjà fortement déstabilisé par les islamistes. En effet, le projet de résolution déposé devant le Conseil de sécurité de l'ONU a été qualifié de «contre-productif» par le Maroc. L'ambassadeur du royaume à l'ONU, Mohamed Bennouna, a affirmé que le projet américain «n'avait que trois ou quatre soutiens» parmi les 15 membres du Conseil, alors qu'un projet doit recueillir au moins neuf voix pour être adopté. «Un tel projet de résolution, qui n'a eu que trois ou quatre soutiens, serait contre-productif parce que, précisément, il fermerait la porte aux consultations qui sont nécessaires pour progresser dans la voie d'une solution réaliste et durable» au problème du Sahara occidental, a-t-il encore déclaré. Mise en place en avril 1991, la Minurso compte, selon les chiffres officiels, 229 observateurs militaires appuyés par du personnel civil, et son budget annuel est légèrement supérieur à 43 millions de dollars. L'occupation du Sahara occidental par le Maroc contraint plus de 150.000 personnes à vivre sans autre perspective que l'aide alimentaire internationale dans des camps de réfugiés au milieu du désert.