L'Algérie a soumis un document de riposte à la proposition américaine. A quelques jours de l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, un mouvement diplomatique important commence à prendre corps. Durant la semaine dernière, le représentant de l'Algérie a réagi à une proposition déposée par les Etats-Unis et qui plaiderait pour l'accord-cadre qu'ont rejeté plusieurs pays outre le Front Polisario. En effet, la proposition soumise mardi par Washington aux membres du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental (Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) de l'ONU, vise à enterrer le projet de référendum et à reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental qui bénéficierait alors d'un statut d'autonomie. Lors de sa visite à Washington, et abordant le conflit du Sahara occidental, Mohammed VI a souligné devant M.Bush «les risques de toute réflexion ou schéma qui aboutirait à la balkanisation de cette région du monde, avec une onde de choc dont l'impact irait bien au-delà des confins maghrébins». Tout en faisant allusion à l'option de partition du Sahara occidental, le roi a affirmé au président américain que le Maroc soutient le plan de James Baker. Juste après, parallèlement à la réaction algérienne, le gouvernement espagnol s'est déclaré attaché au projet de référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Nonobstant la proposition américaine visant à faire du territoire une région autonome au sein du Maroc, le porte-parole du gouvernement, M.Cabanillas a déclaré que la position de l'Espagne n'avait pas changé sur ce sujet. «Nous maintenons ce que nous avons soutenu jusqu'à présent», a affirmé le porte-parole, en expliquant: «Notre base est le plan d'arrangement de 1991», qui avait institué un cessez-le-feu sous l'égide des Nations unies en vue de préparer le référendum d'autodétermination. A quelques différences d'appréciation purement techniques, Alger défend la même position. A ce propos, on croit savoir que l'Algérie a même soumis aux instances onusiennes un document de riposte à la proposition américaine. Il est à craindre justement que ce conflit territorial, vieux de plus d'un quart de siècle, risque un pourrissement sans précédent. Pour preuve, depuis la proposition de l'accord-cadre en annexe du rapport du secrétaire général du 20 juin 2001 sur le Sahara occidental, le Conseil de sécurité s'oriente dans une voie radicalement antinomique de celle du droit à l'autodétermination du peuple d'un territoire non autonome. Ce processus risque effectivement d'ouvrir la région sur l'aventure de la guerre. L'ultime solution à ce spectre éventuel est que le Conseil de sécurité impose aux parties l'organisation d'un référendum d'autodétermination. L'on se souvient que huit congressistes américains ont adressé une lettre au président George W.Bush l'exhortant de demander au roi du Maroc de faciliter la tenue du référendum au Sahara occidental en prévision de la visite du roi Mohammed VI aux Etats-Unis et qui a eu lieu la semaine dernière. Les congressistes américains considèrent que les reports répétés du référendum «sont d'abord dus aux obstacles imposés par le gouvernement marocain». «Votre intervention auprès du roi du Maroc pour l'application du plan de paix de l'ONU et les accords de Houston aidera à favoriser une solution juste et immédiate au conflit du Sahara». Selon eux, «il est inacceptable de rechercher une alternative au plan de paix de l'ONU». De son côté M.Mohamed Sidati, ministre conseiller, membre du secrétariat national du Front Polisario a affirmé: «Au moment où le Conseil de sécurité débat du rapport présenté par le SG de l'ONU, il est de la plus grande importance de rappeler que le Front Polisario reste attaché à l'autodétermination du peuple sahraoui et à la voie y menant, un référendum d'autodétermination libre et démocratique.» Il a par ailleurs précisé que «la tenue du référendum est toujours entravée par le Maroc».