La porte est encore grande ouverte pour le dialogue Il est fort probable que les personnalités ayant boycotté les consultations reviennent sur leurs positions. En laissant les portes des consultations politiques ouvertes 20 jours après la clôture des travaux de la Commission de Bensalah, le chef de l'Etat tente de séduire les opposants qui ont boycotté le premier round. Avant-hier, le premier magistrat de pays, Abdelaziz Bouteflia, a déclaré en Conseil des ministres, que «cette démarche (consultations politiques Ndlr) demeure ouverte à toute partie qui voudrait encore y apporter sa contribution». Or, la Commission conduite par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, a reçu, du 21 mai jusqu'au 21 juin, dans ce cadre, près de 200 participants, issus de la classe politique, de la société civile et des personnalités nationales. Le chef de l'Etat a relevé, lors de ce Conseil des ministres, que «la large consultation que nous avons récemment décidée a permis de connaître l'avis de la classe politique, des personnalités nationales et de la société civile». Pourquoi laisse-t-il donc la voie ouverte à ceux qui ne se sont pas exprimés lors de ces consultations? Le Président Bouteflika tente de «raisonner» les forces de l'opposition qui ont boycotté les consultations en les qualifiant, comme c'est le cas du FFS, de peu crédibles. D'autres ont vu dans cette démarche une diversion qui sert au pouvoir à gagner du temps, le temps que la tension sur le front social baisse. Plusieurs partis politiques (RCD, FFS, Ahd54...), organisations de la société civile comme la Laddh et plusieurs personnalités (Ali Haroune, Mokdad Sifi...) ont boudé la Commission Bensalah. Cet appel du chef de l'Etat saura t-il les convaincre pour formuler leurs propositions ou ne changera-t-il rien à la donne et à leur conviction selon laquelle cette démarche n'est pas la mieux indiquée pour sortir le pays de la crise? Des sources ont évoqué la volonté de chef de l'Etat de recevoir lui-même des personnalités nationales et les anciens présidents de la République. Or, jusqu'à présent aucun ex-président n'a affirmé sa volonté d'y participer et aucun détail n'a filtré. Si pour l'opposition, l'appel de Bouteflika peut s'avérer comme un coup d'épée dans l'eau, pour d'autres il sera une aubaine pour rattraper le temps perdu et exprimer leurs propositions. L'on se rappelle qu'au lendemain de la clôture des travaux de la Commission Bensalah, des personnalités se sont estimées «exclues» et ont exprimé toute leur indignation. C'est le cas de Loth Bonatero, expert en astronomie et inventeur, qui a contesté, dans un communiqué, le fait de ne pas être invité par l'instance de Bensalah. M. Bonatero, qui estime qu'il a des choses à dire concernant ces consultations et des idées à proposer, peut donc prendre le temps de les formuler. Idem pour Mostefa Boudina, président de l'association des anciens condamnés à mort qui n'a pas apprécié le fait qu'il ne soit pas invité par Bensalah. La démarche du chef de l'Etat de laisser ouvertes les portes des consultations est une occasion pour lui de dire ce qu'il pense être bon à dire. Des personnalités comme Lakhdar Brahimi, illustre diplomate, peuvent profiter de cette occasion pour présenter leur projet, s'ils en ont un, de sortie de crise. En tout état de cause, le chef de l'Etat a assuré que «les contributions et vues recueillies seront prises en considération dans l'élaboration de tous les projets de textes, y compris celui relatif à la révision de la Constitution, en ayant à l'esprit les principes, les constantes et les intérêts de la nation». «En ultime étape, le peuple souverain aura à se prononcer sur la consolidation de l'Etat de droit et de la démocratie dont il est la source, et dont il a été l'artisan depuis la libération du pays au fil des différentes étapes de notre histoire contemporaine», a encore souligné le premier magistrat du pays lors du dernier Conseil des ministres.