Les représentants de la wilaya de Tindouf ont, dès leur entrée sur scène, mis en évidence l'apport des instruments traditionnels. Le retour aux sources est une vertu. Il semble que cette maxime est bien prise en compte par les participants au concours de la 16e édition du Festival de la musique moderne. En effet, la troisième soirée du festival a été marquée par deux troupes, la première est venue de Tindouf, tandis que la deuxième est de Guelma. Les deux concurrentes se sont illustrées par leur jeu exceptionnel, la maîtrise des instruments modernes tout en fusionnant leurs sons avec ceux des instruments traditionnels. Les représentants de la wilaya de l'extrême sud du pays ont, dès leur entrée sur scène, mis en évidence l'apport des mandoles, karkabou et gambri. Les membres du groupe ont aussi démontré leur cohérence en chantant, tout en rénovant la musique gnawi. Le gnawi est cette musique qui a un effet thérapeutique qui continue à monter comme une courbe. Ses origines, quoi que africaines, le gnawi fait tabac en Europe. Kateb Amazigh de la défunte troupe des Gnawi diffusion, Djamel Laroussi, Cheikh Sidi Bémol constituent les premiers précurseurs de ce chant. C'est le cas des ambassadeurs de la wilaya du sud-ouest du pays qui ont présenté, dans la soirée de lundi, un répertoire tiré du terroir. Tagrawla Spirit (esprit de Révolution) est cette troupe de Guelma qui a signé, elle aussi, son passage sur l'esplanade du théâtre de verdure. Les «révolutionnaires» de Guelma ont, eux aussi, révolutionné les cours de la troisième soirée et séduit les membres du comité du jury. La tâche ne sera sûrement pas facile à ces derniers, quant à élire le lauréat du concours, étant donné que toutes les troupes se valent. Ce qui fait la particularité de la troupe représentant la capitale de la tomate, est ce nouveau style musical. Il s'agit d'un mariage du country music-hard-rock-raï-rap-blues. Le tout est joué sous les rythmes du gnawi basé sur le verbe algérien. Là aussi, ce qui a donné la touche propre à Tagrawla Spirit est cette perfection dans l'interprétation en choeur, le gnawi impose la participation vocale de tous les membres. Malgré leurs équipements et leurs instruments modernes, les ambassadeurs de la capitale de l'Ouest n'ont pas pu séduire les membres du comité du jury. Les Cryptons d'Oran ont été quelque peu décevants, quoique leur interprétation ait été ponctuée par un son original aux touches modernisées. Le vocaliste des Cryptons, malgré sa gestuelle propre au gnawi, n'a pu corrompre les spectateurs. Les soirées de la 16e édition du Festival de la musique moderne sont scindées en deux plateaux, le premier est réservé à la concurrence tandis que le deuxième est consacré aux shows professionnels. Nadir Chikhoune, est ce jeune artiste de 21 ans qui a, lui aussi, démontré ses talents en enflammant le théâtre de verdure Hasni- Chakroune. Cet artiste, venu de Béjaïa, a dans son spectacle, donné autant de résultats en chantant sur un rythme gnawi-folk-kabyle, sa propre chanson intitulée Je suis amoureux de ma guitare. La chanson a merveilleusement séduit lorsque celle-ci a été suivie par l'interprétation d'un mixage de deux styles aux rythmes différents, le raï et le folk kabyle. Le premier a été tiré de l'oeuvre du king du raï, Khaled, tandis que le deuxième a été puisé du riche répertoire de Bouhi Abdelkader. La fusion, qui a donné un gout particulier au spectacle, a ouvert d'autres appétits lorsque Nadir Chikhoune a terminé son spectacle sous les touches propres à Djamel Allam et la célèbre chanson du duo Idir-Khaled intitulée Zwit Rwit-Wine Lharba wine.