Le séisme du 21 mai reflète les conséquences de la déstabilisation du secteur public. La Fédération Ugta des bois, bâtiments et matériaux de construction revient à la charge, à deux mois de la bipartite. Une rencontre des cadres syndicaux du groupe ciment, bois, produits rouges a eu lieu hier au siège de la fédération. L'occasion a été saisie pour dénoncer encore une fois « le bradage du secteur public en vue de l'affaiblir». Comme il fallait s'y attendre, la privatisation des cimenteries s'est taillé la part du lion dans les discussions des syndicalistes. M.Agouni Mohamed, SG de ladite fédération a qualifié de «honte, la soumission des Portugais dans l'ouverture des plis de la cimenterie de Meftah». Il pose les éternelles questions, demeurant en suspens en attendant les arguments du gouvernement: « Pourquoi veut-on privatiser un secteur qui se porte bien et qui réalise annuellement des bénéfices de plusieurs millions de dinars? Pourquoi aussi veut-on commencer par les cimenteries alors que des entreprises déficitaires attendent depuis des années leur liquidation, en vain?» L'orateur affirme aussi qu'à aucun moment, le partenaire social n'a été associé au processus de privatisation. «Le secteur n'a besoin ni de privatisation ni de partenariat, partant de ce constat, nous avons toujours refusé d'y adhérer.» La fédération des matériaux de construction a tiré la sonnette d'alarme. En effet, selon son représentant, près de 4000 travailleurs dans le secteur des produits rouges attendent d'être payés depuis environ 10 mois. Il dénonce ce qu'il appelle «le processus de déstabilisation des briqueteries, amorcé depuis déjà six ans». La responsabilité incombe, selon l'orateur, au gouvernement «qui n'a pas assumé ces engagements». Pis encore, ce dernier est en train de recourir à la «privatisation informelle» de quatre briqueteries «sans, bien évidemment, la consultation des travailleurs». Et au représentant de hausser le ton: «Nous ne sommes pas des mendiants, nous voulons simplement qu'on nous libère pour relancer les unités.» Le secteur du bois vit les mêmes problèmes. Le choix de l'Etat de s'associer aux privés menace sérieusement sa pérennité. «Les Eplf et Opgi préfèrent faire appel à des petites menuiseries au lieu de s'adresser à nous», précise M.Agouni. Globalement, le séisme du 21 mai dernier a fini par donner raison au secteur public et démontrer aussi le vrai visage de la mafia du bâtiment. «C'est une leçon pour le gouvernement et pour tous ceux qui complotent contre notre secteur», ajoute-t-il. Il faut rappeler que le secteur du bâtiment est le plus touché par le processus de privatisation, avec la compression de plus de 160.000 travailleurs et la fermeture d'une centaine d'unités à travers le territoire national. Actuellement, le secteur compte près de 44.000 travailleurs. «Un chiffre qui risque d'être revu à la baisse si le gouvernement persiste dans sa politique économique.» Dans le même contexte, la fédération a stigmatisé le rôle des SGP qui est limité à deux missions principales: «La privatisation et le partenariat.» M.Agouni a précisé à l'occasion que cette réunion avait pour objectif la préparation des dossiers économiques et sociaux à quelques mois de la bipartite. «L'Ugta proposera l'effacement de la dette du secteur comme un gage de bonne volonté de la part du gouvernement.»