3400 boulangers n'arrivent toujours pas à satisfaire la demande. L'angoisse du manque de pain pendant le Ramadhan, durant les week-ends et le jour de l'Aïd El Fitr ne hantera plus les familles. A en croire Youcef Kalafat, président de l'Union nationale des boulangers (UNB), un programme spécial d'ouverture de «boulangeries de permanence» sera établi pour faire face à ce tracas récurrent pénalisant le consommateur algérien. L'Algérie consomme 49 millions de baguettes de pain quotidiennement, soit environ 1,6 unité «per capita». Plus de 3400 boulangers, adhérant à l'UNB s'y affairent. Les membres de l'Union versent la modique somme d'adhésion de 1000 DA/an. Ces chiffres devraient, en principe, satisfaire statisticiens et consommateurs. Il n'en est rien! Pourtant, Y. Kalafat, contacté hier par nos soins, rassure et explique les différents aléas auxquels sont soumis les consommateurs spécialement durant l'été et les jours de fête. L'une des causes est le «droit» au congé annuel pendant cette période estivale de juin, juillet et août. C'est sur ce point que se sont penchés les travaux des journées régionales de sensibilisation organisées déjà à Annaba, Batna, Souk Ahras...à l'Est, et pour la région ouest du pays, des rencontres sont prévues incessamment à Oran à cet effet, informe Kalafat. Le Centre, ajoute-t-il, a connu un débat similaire le 12 juillet à Alger, lors d'une réunion de l'Ugcaa (Union générale des commerçants et artisans algériens). Au cours de cette assemblée, ont été examinés les prix pratiqués sur les produits de large consommation de première nécessité, l'approvisionnement et la distribution. Le but de ces réunions est de faire admettre aux artisans boulangers de fermer boutique, «soit avant, soit après le Ramadhan», a espéré Kalafat. Questionné par L'Expression sur une éventuelle augmentation du prix du pain, il a balayé d'un revers de main cette option en martelant que «le prix du pain ne connaîtra aucun changement pour l'heure.» Répondant à une autre question relative à la différence de prix de la baguette de pain qui est cédée «à 10 DA l'unité à Alger contre 0,75 à 0,85 DA ailleurs, dans les 47 wilayas du pays, selon la qualité du pain, ordinaire ou amélioré», Kalafat a précisé qu'il appartient au ministère du Commerce par le biais de la direction du contrôle des prix (DCP) d'émettre une réponse à ce propos. Il dira, à cette occasion, que le boulanger réfractaire est passible d'une «amende de 3 millions de centimes et d'une fermeture de son établissement» par la DCP, en cas d'infraction vérifiée. Voulant en savoir plus sur les mesures prises, ou à venir, quant à la poursuite de la vente du pain à même les trottoirs, au détriment de toute condition d'hygiène ou d'éthique professionnelle, Kalafat s'est contenté de renvoyer la balle au ministère du Commerce auquel, selon lui, une correspondance aurait été transmise «sans pour autant qu'un quelconque changement de la situation n'ait été constaté», regrette-t-il. Interrogé sur le nombre croissant d'artisans boulangers qui ont mis «la clé sous le paillasson», il a expliqué qu'ils ont été contraints d'agir ainsi «après maintes pertes subies par les coupures excessives et itératives d'électricité, quotidiennes et parfois biquotidiennes, dues aux délestages». Il rappellera, à ce sujet, que récemment, le gouvernement avait instruit les banques, suite à une démarche du département du ministre Mustapha Benbada, pour l'octroi de crédits financiers aux boulangers afin de s'équiper de générateurs électriques et leur éviter ainsi de subir des pertes de matières premières en préparation. Avant cette décision, bienvenue au demeurant, il faut dire que «rares étaient les artisans pouvant s'offrir aujourd'hui un générateur électrique qui coûte pas moins de 70 à 80 millions de centimes», s'est exclamé Kalafat, ajoutant que «les anciens boulangers, qui atteignent une marge bénéficiaires de 20% sur leurs investissements peuvent, à la limite, acheter du matériel par crédit bancaire.» Parlant de l'emballage en sachets de papier «écologique», dont la distribution était prévue pour le 15 juin dernier, notre interlocuteur a cité le directeur général de l'entreprise Ahaggar, Hakim Guettaf, qui avait argumenté l'excès de travail dans son entreprise promettant (encore une fois) que «ces livraisons seront effectives dès le début du Ramadhan.» Pour rappel, la jeune entreprise de fabrication de sachets en papier «bio», créée en 2009, a calculé un besoin de près de 8 millions de sachets par jour et avait précisé que les boulangers recevront «gratuitement» les sachets de standard européen et de marque déposée à l'Institut national de la propriété industrielle (Inapi).