Quelque 40.000 personnes fuyant la famine ont convergé vers Mogadiscio en quête d'eau et de vivres depuis le début du mois de juillet, a indiqué une porte-parole du HCR. «Environ 30 000 autres sont arrivées dans des camps à 50 km du centre de la capitale», a déclaré Vivian Tan, porte-parole du Haut-commissariat pour les réfugiés dans un point de presse, estimant qu'au moins 100.000 personnes étaient arrivées à Mogadiscio ces deux derniers mois. Selon le HCR, un millier de personnes déplacées par la famine arrivent quotidiennement dans la capitale somalienne où les stocks de nourriture sont insuffisants. «Cela provoque de sérieuses bousculades et aussi des pillages», indique l'organisation. «Le résultat, c'est que de nombreuses personnes, parmi les plus faibles et les plus vulnérables se retrouvent les mains vides malgré tous les efforts des agences humanitaires et caritatives», ajoute le HCR. Selon des témoignages recueillis sur place par le représentant du HCR en Somalie, Bruno Geddo, les femmes et les enfants sont les plus touchés. Le HCR évoque ainsi le cas d'une mère de famille qui a marché pendant 11 jours avec ses cinq enfants depuis la région de Bakool, au nord de Mogadiscio, en quête d'aide. Mais en raison de la pénurie de vivres dans la capitale, elle est obligé de mendier presque tous les jours pour nourrir ses enfants. Les réfugiés manquent en outre des plus rudimentaires récipients pour recueillir l'eau et les vivres, selon le HCR, qui doit commencer dans les prochains jours une distributions d'ustensiles de première nécessité. Selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), quelque 3500 Somaliens traversent chaque jour la frontière vers le Kenya et l'Ethiopie, s'ajoutant aux quelque 740.000 somaliens qui ont déjà fui leur pays. «Cela crée des problèmes dans un environnement déjà fragile et augmente les tensions avec les communautés locales d'accueil, de même que le risque d'incendie ou de maladie», a indiqué Vivian Tan, évoquant les conditions au Kenya. La sécheresse qui sévit actuellement dans la Corne de l'Afrique, la pire depuis 60 ans, a déjà fait des dizaines de milliers de morts et menace 12 millions de personnes en Somalie, au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda. La situation est particulièrement critique en Somalie, où l'ONU a décrété formellement la famine dans deux régions du Sud, contrôlées par les insurgés islamistes shebab, qui en interdisent l'accès à certaines organisations humanitaires. Selon le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, il faut 1,6 milliard de dollars rien que pour la Somalie, où «des enfants et des adultes meurent chaque jour à un rythme terrifiant», mais les agences de l'ONU n'en ont reçu que la moitié.