Les dissidents du FLN, opposés à la ligne Benflis, sont passés à l'acte, jeudi, en tenant une rencontre régionale à Annaba. La réaction des responsables de la mouhafadha locale, les «légalistes», ne s'est pas fait attendre. Dans un point de presse, tenu le jour-même, ils ont dénoncé «la passivité et la complicité de l'administration locale qui a permis la tenue d'une telle rencontre et annonce leur intention de saisir la justice contre les «organisateurs-usurpateurs». C'est au théâtre régional de Annaba que les représentants d'une quinzaine de wilayas de l'Est du pays, parmi les militants opposés à la ligne Ali Benflis, se sont rencontrés. L'autorisation délivrée par la wilaya de Annaba aurait été faite au nom d'une association locale apolitique, comme son nom l'indique d'ailleurs Perspectives agricoles. Ses responsables sont, bien entendu, des militants FLN. Cependant, l'invitation adressée aux participants portait un en-tête FLN, une signature anonyme sans cachet alors que le texte ne parle que d'une rencontre régionale sans en spécifier l'ordre du jour. Les principaux organisateurs locaux de la rencontre sont l'ancien responsable de la mouhafadha et un vice-président de l'actuel APC de Annaba, tous deux exclus, récemment, du parti après qu'ils eurent affiché publiquement leur opposition aux résolutions du 8e congrès et tenté, le 12 juin dernier, d'occuper la mouhafadha. Lors du point de presse animé par Abdelkrim Souissi et Hocine Benaliouche, tous deux membres du CC du FLN et respectivement coordinateur de wilaya du parti et vice-président de l'APW de Annaba, l'accent sera mis sur «la passivité et la complicité de l'administration locale qui a pourtant été avertie de la supercherie». Benaliouche confirmera l'exclusion des principaux organisateurs de ladite rencontre et affirmera que la mouhafadha de Annaba va ester en justice les responsables de l'association Perspectives agricoles. Devant «la passivité et la complicité de l'administration, il ne fait plus de doute qu'il existe une volonté délibérée de casser le FLN», fera remarquer de son côté Abdelkrim Souissi, vieux militant et ancien responsable du parti depuis la première heure. Se voulant très réservé, M.Souissi déplore l'absence d'une culture politique et s'interroge sur le «pourquoi de toute cette campagne avant l'heure, puisque le parti n'a encore fait, officiellement, aucun choix et que cette décision ne peut être prise que par le congrès extraordinaire du parti», mais, il avertit: «Fort de ses militants, le FLN relève le défi et fera face à n'importe quelle situation contre ceux qui veulent le déstabiliser.» Plus direct encore, il affirmera: «J'accuse certains services du ministère de l'Intérieur de vouloir casser le FLN.». Rappelant que le choix du candidat du parti à la présidentielle de 2004, n'ayant pas encore été officiellement fait, Souissi fera observer que «le culte de la personne n'a jamais existé au FLN» avant d'ajouter que «Abdelaziz Bouteflika est notre Président et nous lui devons respect en tant que tel, jusqu'à la fin de son mandat présidentiel.»