L'institution traverse la période la plus sombre de sa courte existence. Depuis cinq mois, il semblerait que les employés de la Bourse d'Alger soient sans salaire. La raison : l'assèchement de la trésorerie de l'entreprise qui, paradoxalement, a la vocation théorique de brasser d'importantes liquidités. La Bourse d'Alger est censée se financer de l'aide de l'Etat, mais surtout des flux monétaires qui s'échangent sur sa place. Or, trois entreprises seulement sont cotées depuis sa création en 1999. Mis à part El-Aurassi, l'Eriad de Sétif et Saïdal dont l'introduction en Bourse a pris beaucoup de temps, aucune autre entreprise, publique ou privée, n'a été ajoutée à la liste. Le marché boursier national est, pour le moins, moribond. Alors que les managers de ces entreprises cotées susurrent, à tort ou à raison, qu'ils regrettent leur présence en bourse. Pire, les dernières séances de cotation du mois de juin et celles de juillet ont été quasiment nulles. Il n'y a eu que peu d'échanges, sur les titres d'El-Aurassi en l'occurrence. Pourtant son P-DG, M.Iratni, n'a raté, depuis son installation, aucune occasion de rappeler l'importance d'une telle structure aussi bien pour les programmes de privatisation, prévus, et autres financements du secteur économique. A en croire d'autres informations, l'actuel directeur de la Bourse aurait même, par dépit, déposé sa démission (ou compte le faire incessamment). Contacté, M.Iratni n'a cependant pas voulu confirmer cet état des lieux. Il a, en revanche, voulu être plus réconfortant, indiquant, au passage, la «prochaine recapitalisation» de la Bourse d'Alger. Constatant la situation actuelle, l'on peut clairement déduire que ses récurrents appels n'ont trouvé aucun écho auprès des officiels. Pire, ces derniers ont presque toujours soit gravement ignoré la nature de sa vocation, soit négligé l'importance. L'ex-ministre des Finances, M.Terbèche, pour ne citer que ce dernier, en minimisera, publiquement de surcroît, l'importance. Voilà cinq ans, et le résultat est là.Récemment, l'on a parlé de l'introduction en Bourse de huit entreprises publiques de différents secteurs. Il s'agit de L'Epal (Entreprise portuaire d'Alger) et l'entreprise portuaire d'Arzew, l'Entmv (Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs), Air Algérie, la Snta, la Caar, Caat ainsi que l'EGT El-Djazaïr. Cette énième annonce va-t-elle se concrétiser à certains temps? Les tergiversations précédentes sont, malheureusement là, pour en garder un air débutatif. Par ailleurs, le privé ne semble nullement intéressé par la Bourse et pour cause, c'est aux instances officielles de donner l'exemple. Et quant celles-ci rechignent à considérer, à sa juste valeur, cet instrument de quoi décourager les plus motivés parmi le privé. Survivra, survivra pas? Le sort de la Bourse et de ses employés dépend seulement de la bonne volonté politique des officiels.