Pour le simple citoyen, ces augmentations sont intolérables pendant le mois de la «grande bouffe» Les congélateurs pleins à craquer sont fin prêts pour affronter le mois de Ramadhan. Les prix des victuailles, toutes sortes confondues, n'ont pas attendu les tout derniers jours qui précèdent le mois sacré de Ramadhan, pour grimper allègrement. Voilà plus d'une semaine, en effet, avant le mois de jeûne, prescrit dans les cinq préceptes de l'Islam, que la valse des prix a commencé sans répondre à aucune mesure d'exécution. Qu'à cela ne tienne, se rebiffent les Algériens désormais aguerris, dirions-nous, face à ces flambées de prix intempestives qui éclatent toujours autour d'un événement religieux ou social. Les prix des moutons augmentent à l'approche de l'Aïd El Adha, ceux du poulet de même à la veille de la fête du Mawlid Ennabaoui, alors que, pour leur part, les fournitures scolaires et vestimentaires connaissent régulièrement une certaine hausse, aussi minime soit-elle, lorsque les rentrées, scolaire et sociale, pointent leur nez. C'est le vrai «bazar». Les revenus des Algériens ne sont pas suffisants pour faire face convenablement à ces dépenses. Aucune régulation ne peut être du reste atteinte par les pouvoirs publics face à l'éloignement de l'autosuffisance alimentaire avérée qui mine le pays. Pour le simple citoyen, ces augmentations sont intolérables pendant le mois de la «grande bouffe» qui semble, de prime abord, intéresser le citoyen lambda plus que le message de piété que véhicule ce mois de jeûne. D'aucuns, plus avertis, attribuent ces mouvements haussiers à l'implacable loi de l'offre et de la demande. Certes, c'est là un paramètre économique incontestable, mais une certaine retenue doit être respectée par les musulmans envers leur alter ego à la veille d'un mois sacré ou pendant. Hélas, il n'en est rien déplore-t-on ici et là. Place au profit et à l'appât du gain! Plus personne n'est épargné. Plus aucun rang de la société n'y échappe. Malheureusement, cette plaie pénalise davantage les classes défavorisées qui sont les plus nombreuses. Leurs revenus sont plus bas, mais les prix de l'offre demeurent similaires pour les riches comme pour les pauvres! La crainte de pénuries n'est pas étrangère à ces mouvements des prix malgré les mesures que viennent de prendre les pouvoirs publics, fraîchement échaudés par les émeutes de janvier qui avaient fait, faut-il le rappeler, cinq morts et quelque 800 blessés et occasionné des dégâts matériels importants. La technologie est venue à la rescousse de tous ces Algériens au comportement boulimique. Les ménages s'organisent et stockent les produits nécessaires. Ainsi, «poulets, viandes et légumes frais sont déjà dans le congélateur...», avant le début du jeûne, lundi ou mardi prochains, confient avec une pointe de fierté teintée d'un sans-gêne presque outrancier, certaines ménagères prévenantes. Pourtant, «l'offre est plus importante durant le mois de Ramadhan», a souligné à la presse, Salah Souilah, président de l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (Ugcaa), mais le comportement «glouton» des Algériens, spécialement en cette période, contribue à la hausse des prix, déplore-t-il. Il est à signaler également, que les importations se sont multipliées depuis janvier, notamment concernant les céréales dont la facture a augmenté de près de 60% au premier semestre. Il y a quelques jours, le ministère du Commerce avait annoncé la mobilisation de 2500 contrôleurs des prix, un nombre jugé nettement insuffisant face à un «nombre de vendeurs en constante progression.» Il est utile de rappeler que pour les plus démunis, le ministère de la Solidarité nationale a commencé à distribuer le traditionnel «couffin du Ramadhan». 1,4 million de familles, sur quelque 36 millions d'habitants, bénéficient cette année du couffin, selon le ministre de la Solidarité, Saïd Barkat. Ce couffin comprend sucre, huile, lait en poudre, concentré de tomate et autres denrées de premières nécessité. D'innombrables Resto du coeur ou restaurants Errahma ouvriront leurs portes aux plus démunis et aux voyageurs pendant le Ramadhan.