Louisa Hanoune dégaine et tire «On se demande si l'Algérie est en train d'appliquer les recommandations du FMI, ou bien, ce sont les lobbys internes qui font la loi dans le pays.» Rares sont les moments où la secrétaire générale du PT Louisa Hanoune se montre aussi critique envers la politique du gouvernement et la démarche entreprise pour les réformes politiques. C'est un tableau noir qu'elle a brossé hier de la politique sociale, la santé et le ministère du Commerce qui n'arrive même pas à tenir ses engagements et les promesses qu'il a faites aux Algériens de maîtriser les prix durant ce mois de Ramadhan. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) dégaine et tire. «On se demande si l'Algérie est en train d'appliquer les recommandations du Fonds monétaire international (FMI), ou bien, ce sont les lobbys internes qui font pression sur le gouvernement en le faisant plier pour satisfaire les intérêts occultes», s'est interrogée, hier, Mme Louisa Hanoune, lors de sa réunion avec le bureau politique au siège du PT à Alger. Dans ce cas, «c'est très grave pour l'avenir du peuple algérien qui aspire à une vie décente dans son pays après son indépendance», a encore affirmé Mme Hanoune non sans émotion. La première responsable du PT a rappelé que depuis maintenant trois ans, date de l'amendement de la Constitution, tout est verrouillé politiquement. Rappelant que toutes les constitutions du pays ont été mises en oeuvre en dehors de la large consultation nationale, elle soutient que cette fois-ci «nous voulons que la prochaine Constitution soit établie dans le cadre du projet d'une assemblée constituante qui prendra en considération l'ensemble des facteurs socioculturels, politiques et économiques du pays». «C'est la nature de la Constitution qui détermine le régime réel du pays», a-t-elle ajouté. Tonitruante dans son intervention, Mme Hanoune a d'emblée interpellé le ministre de la Santé lui reprochant de revenir sur ses déclarations ces derniers jours, sur le dossier de la pénurie du médicament, la pression des lobbys et autres politiques de la santé. «Nous avons constaté des contradictions flagrantes dans les déclarations du Dr Djamel Ould Abbès. D'un côté, il dénonce les pressions des lobbys des importateurs du médicament, d'un autre côté, une semaine après, il revient dans ses déclarations qui tendent vers l'apaisement. Nous ne comprenons pas le pourquoi de cette volte-face, venant d'un ministre de la Santé», s'est interrogée Mme Hanoune. Le ministre de la Santé a affirmé, il y a quelques jours, qu'il subit la pression de lobbys avant de se rétracter en déclarant qu'il n'a accusé personne et qu'il a juste «fait un constat». La secrétaire générale du PT est revenue longuement sur les lois portant sur la politique de la santé qui a été votée à l'Assemblée populaire nationale (APN). «La nouvelle orientation des lois sur la santé, va à l'encontre des acquis du peuple dans la Révolution», a-t-elle indiqué tout en rappelant que les députés de son parti n'ont pas voté cette loi. Tenant compte des conséquences négatives qu'engendre cette nouvelle loi sur la santé, Louisa Hanoune a avancé que 14 millions d'Algériens non assurés et 1 million de malades diabétiques sont en danger de mort. S'agissant de la protection sociale, Mme Hanoune est allée droit au but. «La politique de l'Ansej, la Cnac et autres dispositifs qui donnent des crédits est un gaspillage gigantesque des deniers publics. D'autant plus qu'il n'y a aucun bilan sur les résultats de cette politique suicidaire», a-t-elle souligné. Selon elle, il serait préférable d'injecter tout cet argent destiné aux crédits dans la réouverture des grandes entreprises publiques qui sont fermées depuis des années. Abordant les réformes politiques engagées par le président de la République, la secrétaire générale du PT s'est dite «outrée par le silence observé depuis». Au sujet des réserves de change du pays, Mme Hanoune s'est dite inquiète. «Je ne vois pas comment ne pas s'inquiéter sur les 150 milliards de dollars algériens. La Chine qui est la deuxième puissance mondiale, a peur de ses avoirs à l'étranger mais pas l'Algérie.» Plus explicite, elle a ajouté que «rien ne prouve que ce n'est pas l'argent déposé dans les banques étrangères qui est utilisé dans la guerre contre la Libye et autres conflits». «L'Amérique n'a qu'à retirer son armée des pays, pour réduire ses charges et éviter la crise économique mondiale», préconise Louisa Hanoune.