On a relevé la semaine écoulée, des déclarations à tout le moins curieuses de personnalités politiques. Propos qui, outre de faire quelque peu désordre, sèment le doute alors que l'on s'attendait à ce que de telles personnalités, membres de surcroît de l'Alliance présidentielle, sachent raison garder. De fait, les propos de MM.Belkhadem et Chorfi posent la question de l'Etat de droit et de l'interprétation qui en est faite par des dirigeants et hommes de pouvoir. C'est d'abord, M.Belkhadem, secrétaire général du FLN, qui minimisa la présence de la classe politique nationale dont l'existence ne serait, selon lui, que de pure forme. D'autre part, il donne l'impression de renouer avec la pensée d'exclusion du parti unique que l'on pouvait croire avoir été soldée avec l'avènement du multipartisme. M. Belkhadem s'exprimait lors de la session extraordinaire du comité central du FLN. Ainsi, lorsqu'il affirme que le FLN est le «seul» parti politique du pays, cela est déjà surprenant, aggravé par sa sentence selon laquelle «rien ne se fera sans le FLN». Or, dans un Etat, qui se veut de droit, où cohabitent plusieurs partis, il ne saurait y avoir de parti «hors normes». Il y a là une sorte de mépris antinomique avec la pluralité politique, remettant en mémoire les oukases de l'article «120» des années 80, lorsque le FLN «parti-Etat» était au faîte de sa puissance. Sans nous appesantir sur la crise interne au FLN, signalons cependant, que l'Algérie de 2011 n'est plus celle de 1980. Pour sa part, le porte-parole du RND, M.Chorfi, expliquait, lors d'une conférence régionale, que son parti «(...) ne veut pas la création de nouveaux partis politiques par des membres de l'ex-FIS». Question: à quel titre un parti politique peut-il s'élever contre la création d'autres partis ou se substituer aux lois de la République? Les propos de ces deux responsables, dont les partis dirigent le gouvernement, dénotent la confusion qui est faite du contenu des lois de la République desquelles il est fait des lectures biaisées qui, si elles arrangent leurs visées politiques, ne militent certes pas pour l'Etat de droit et la bonne gouvernance. Il en est ainsi du président du groupe parlementaire du RND qui s'autorise à dire qui doit, ou non, selon lui fonder un parti. Il nous semblait que les critères de création de partis politiques consignés dans la loi sur les partis a clos le débat. De fait, aucun parti, de quelque filiation qu'il se réclame, ne peut prétendre mettre son veto à l'exercice de la politique par des citoyens réunis en parti, dès lors que leur dossier est conforme aux lois de la République. La Constitution du pays a placé des garde-fous, interdisant la création d'association politique, fondée, notamment, sur la religion et le régionalisme. Il suffit de les faire appliquer. Ce qu'il y a lieu de rappeler aussi est que, pour ce qui est de l'ex-FIS, ce sont les lois de la République algérienne - avalisées tant par le jugement des dirigeants et membres de l'ex-FIS, que par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale - qui ont «exclu» du champ politique les anciens dirigeants islamistes. Cela n'a rien de politique et reste du domaine juridique, lequel s'impose à tous, tant la loi est là pour être appliquée outre le fait que l'on ne revient pas sur la chose jugée. Aussi, un homme politique ne saurait méconnaître ces principes et devrait tout de même savoir l'importance attachée au respect des lois de la République - notamment la première d'entre elles, la Constitution - par ceux-là censés les faire appliquer. La loi, c'est la loi et nul n'est censé l'ignorer. Aussi, le crédit d'un Etat, de sa gouvernance, se reflètent-ils, prioritairement, dans l'application qui est faite des lois qu'il promulgue. Celles-ci s'appliquent à tous les citoyens, y compris, surtout, ceux en charge de son application. C'est cela l'Etat de droit auquel, nous sommes persuadés, M. Belkhadem autant que M.Chorfi travaillent activement à son avènement!