Plus grand créancier des Etats-Unis avec quelque 1160 milliards de dollars détenus en bons de Trésor américains, la Chine donne des leçons aux Américains. C'est en quelque sorte l'histoire de la cigale et de la fourmi. Pekin n'a pas dit à Washington de danser après avoir chanté des années durant, mais c'est tout comme. La dette accumulée par les Etats-Unis est astronomique, à la mesure de leur domination mondiale affichée et incontestée. Depuis le 5 août, ce vendredi noir, qui restera sans doute longtemps gravé dans les mémoires des Yankees, la politique économique, que compte imposer à l'ensemble de la planète l'Oncle Sam, est en voie d'être remise en cause. Si à Alger l'on s'est montré bien discret pour l'instant sur les placements d'une partie des réserves en devise dans les établissements financiers américains, le «pays des Dragons» n'a pas pris des gants pour s'exprimer au sujet du gouffre financier et de cette suprématie «branquebalante» de la première puissance mondiale. «Le gouvernement américain doit se résigner à un état de fait douloureux: le bon vieux temps où il n'avait qu'à emprunter pour se tirer du pétrin qu'il avait lui-même créé est terminé», a fait constater l'agence de presse officielle du gouvernement, Chine nouvelle. Les besogneux petits Chinois se sont tout de même arrogé le droit de donner des leçons aux «arrogants» Américains après l'inattendue humiliation que leur a infligée l'agence de notation financière Standard and Poor's. La note attribuée à la première puissance mondiale a été abaissée d'un cran, passant de «AAA» à «AA+». Une décision historique. Les Etats-Unis ont toujours bénéficié de la note maximale depuis la création de cette «institution» en 1941. La Chine «a désormais, tous les droits d'exiger des Etats-Unis qu'ils s'attaquent à leur problème structurel de dette», a ajouté le communiqué répercuté par l'agence Chine nouvelle qui a conseillé à l'administration Obama de réduire ses dépenses sociales et militaires. Des termes très peu diplomatiques que la Maison-Blanche ne devrait pas laisser passer. A moins qu'ils ne soient annonciateurs d'un passage de témoin, entre le leader de l'économie mondiale et le chef de file des pays dits émergents, ou à défaut, de limites atteintes par un système capitaliste arrogant qui a mis sur le carreau les pays les moins armés pour ce type de modèle économique mais aussi des pans entiers de classes moyennes dans les sociétés dites industrialisées. Un point de vue que dénoncent et mettent en exergue de nombreux spécialistes. «Un système économique mondial calqué sur le modèle US et basé sur une mondialisation néolibérale, ne peut que se fracasser un jour ou l'autre contre un mur... A force de focaliser sur la seule question «how to make money», «comment produire de l'argent», cela a conduit à la quasi-disparition de toute classe moyenne solvable», a fait remarquer Omar Aktouf, personnalité marquante dans le domaine de l'économie, professeur à l'université de Montréal, dans une interview à L'Expression parue le 7/08/2011. Des dégâts collatéraux feront observer, sans sourciller, les tenants de cette doctrine économique. Pour l'instant, tous les principaux créanciers de la première puissance économique de la planète sont en position d'attente au même titre que l'Algérie qui détiendrait 50 milliards de dollars en bons de Trésor américains. Les premières réactions auront lieu demain. Les secousses proviendront de New York. Pékin ne se fera pas prier pour enfoncer le clou. Le test sera décisif pour Barack Obama.