Les partisans de Amara Benyounès viennent de franchir le pas en annonçant solennellement hier leur intention de créer un parti politique. Un communiqué signé par Arezki Abboute (ancien animateur du printemps berbère et ex-détenu), Amara Benyounès (ex-numéro 2 du RCD) et Hamid Ouazar (animateur du MCB à Béjaïa), est parvenu à notre rédaction. Il annonce l'installation d'un «comité de coordination et de préparation des assises constitutives», lors d'une réunion qui s'est tenue le 18 juillet dernier. Ce qui n'était que de simples supputations est devenu réalité, à la faveur de l'accélération du processus de règlement de la crise de Kabylie. Dans leur communiqué, les signataires se disent «convaincus que la concrétisation des aspirations des Algériennes et des Algériens exige la mise en place d'un parti politique démocratique de type nouveau». En tant que «militants démocrates» qui ont «transcendé les clivages qui ont entravé tout rassemblement des énergies et des forces démocratiques», les rédacteurs annoncent leur décision de «créer le parti politique démocratique, moderniste et pragmatique». Décodé, le parti que Amara Benyounès, ex-ministre des Travaux publics et ex-numéro 2 du RCD et ses compagnons du RCD et du Mouvement culturel berbère (MCB), se proposent de créer, se veut une alternative aux partis politiques classiques (FFS et RCD) dans la région de Kabylie, qui seraient frappés de sclérose et seraient entraînés dans une logique jusqu'au-boutiste. En parlant de «parti politique de type nouveau» et de «moderniste et pragmatique», l'allusion est à peine voilée. Le parti de Amara Benyounès se propose aussi de ratisser large dans les rangs des partis déjà existants. Il est mentionné dans le communiqué la transcendance des clivages qui ont entravé tout rassemblement des énergies et des forces démocratiques. Autrement dit, c'est un appel du pied que l'ex-responsable du RCD lance à l'adresse des militants désabusés au sein du FFS et du RCD. Dans cet ordre d'idées, on susurre que M.Benyounès aurait déjà pris attache avec tous les transfuges du parti de Hocine Aït Ahmed tels Saïd Khelil qui coordonne le MDC. Dans la wilaya de Béjaïa, on parle déjà de certains cadres du RCD et de la Cicb, actuellement en disgrâce avec leur parti et qui ne tarderaient pas à rejoindre ceux dont les noms sont déjà connus. La question qui se pose est simple. La Kabylie en quête d'une solution à la crise qu'elle endure depuis plus de deux ans pourra-t-elle profiter de cette nouvelle entreprise politique? Certaines sources indiquent que l'idée d'un parti alternative a germé depuis qu'il a été fait le constat de la faillite des dirigeants à la tête de ces deux partis classiques. Dans quelle mesure le nouveau parti de Amara Benyounès, qui devrait s'appeler Front des forces patriotiques (FFP) selon les dernières indiscrétions, pourrait contribuer à atténuer les malheurs de la région? Les prochaines sorties des futurs responsables de cette formation politique devraient être instructives. En attendant, un mot résonne déjà fortement dans les grandes lignes du chantier politique de Amara Benyounès : le «pragmatisme».