Ces moudjahidate ont volé au secours des habitants de la cité Bois des Pins dans leur combat contre la mafia du béton et du foncier. Elles ont pour nom: Djamila Bouhired, Fetouma Ouzegane, Louisette Ighil Ahriz, Zoulikha Bekadour, Malika Ousliha et Louisa Ouzarene. Elles ont plusieurs points en commun, mais deux méritent d'être soulignés. D'abord, les six sont des moudjahidate qui ont participé à la guerre de Libération nationale. Puis, elles se sont mobilisées pour aller au secours d'une population qui se bat pour préserver un espace vert contre la maffia du béton et du foncier. Dans leur combat écologique, contre la construction d'un parking automobile, les habitants de la cité Bois des Pins (Hydra) ont bénéficié du soutien indéfectible de ces six valeureuses combattantes. Elles sont souvent présentes sur les lieux pour soutenir les habitants qui affrontent plusieurs fois les forces de l'ordre dépêchées sur les lieux pour permettre la poursuite des travaux. A chaque fois qu'un affrontement est signalé, ces moudjahidate se déplacent pour apporter leur soutien aux protestataires. Ces moudjahidate, qui ont contribué à la libération de l'Algérie du joug colonial durant la Guerre d'Algérie, souhaitent donc contribuer à libérer les habitants de la cité Bois des Pins de la mafia qui veut transformer un jardin en espace commercial, camouflé en parking automobile. Ces derniers puisent une fierté inestimable de ce soutien «pas comme les autres», puisqu'il s'agit de moudjahidate, qui n'ont pas hésité à combattre le colon français, qui les aident, aujourd'hui, à combattre «le nouveau colon qui veut les spolier de cet espace vert». Fetouma Ouzegane notamment, est très active sur ce point. Irritée par ce chantier anti-écologique et la répression qui s'est abattue sur les habitants, la moudjahida a lancé le 3 août dernier aux habitants: «Pas question de continuer à bastonner les Algériens. Qu'ils laissent le peuple tranquille après avoir livré le pays à la merci de la mafia.» Le lendemain, soit le 4 août, la même moudjahida a eu une réponse pleine de sagesse à la déclaration d'un délégué des habitants de la cité. Ce dernier, qui revenait d'une réunion avec le chef de cabinet du wali d'Alger et le chef de projet, après des affrontements violents entre habitants et forces de l'ordre, a informé que la délégation a posé trois conditions, dont l'arrêt en urgence des travaux, à ses interlocuteurs pour arrêter le combat contre ce chantier «On leur a dit que sans l'arrêt des travaux, des jeunes peuvent se jeter des terrasses ou s'immoler par le feu», a souligné ce délégué. A ce moment, la moudjahida, Fetouma Ouzegane, présente sur les lieux, intervient et le stoppe net. «Non, je ne suis pas d'accord, il n'est plus question que nos jeunes meurent pour cette mafia, c'est elle qui va crever», a-t-elle répliqué. Elle ajoutera, pour rassurer le délégué, que «ceux qui veulent livrer le pays à la mafia et aux étrangers ne réussiront jamais à aller au bout de ce projet». Ce 7 août, trois moudjahidate étaient aux côtés des habitants après leurs affrontements contre les forces de l'ordre, pour leur réitérer leur soutien. Il s'agit de Zoulikha Bekadour, Fetouma Ouzegane et Louisette Ighil Ahriz. Cette dernière s'en est prise violemment à ceux qui sont derrière le projet.«Ils veulent priver les citoyens de la dernière bouteille d'oxygène», nous a-t-elle déclaré. Mme Ighil Ahriz, qui n'ignore pas les visées mercantilistes des initiateurs du projet qui courent derrière l'argent en massacrant des arbres centenaires pour construire un espace commercial, s'est appuyée sur un proverbe indien pour les dénoncer et signifier que leur projet n'aboutira pas. «Quand on arrache le dernier arbre, quand on pêche le dernier poisson, quand on pollue la dernière goutte d'eau, l'homme s'apercevra que l'argent n'est pas comestible.»Au Bois des Pins, il semble bien que c'est la finalité de la démarche. Priver les habitants d'oxygène.