Le personnage de Belmondo, le SDF. Pas assez connu en Algérie, l'humoriste au talent avéré a toute l'aptitude pour réussir s'il se trouvait un bon manager comme celui de Abdelkader Secteur pour gérer sa carrière. Amusant, c'est le maître mot. Après Annaba, Guelma, Skikda, Constantine, Béjaïa, Tizi Ouzou et Oran hier, l'humoriste algérien installé en France s'est produit jeudi dernier à la salle Ibn Zeydoun de Riad El Feth, à la grande satisfaction des amateurs du rire. Malgré une salle pas pleine, l'artiste a réussi très vite à gagner la sympathie du public qui a ri de bout en bout à gorge déployée. L'humoriste Karim Belhadj a présenté un one-man-show intitulé «Adieu la banlieue» composé de plusieurs sketchs où il a revisité plusieurs personnages de la banlieue française de façon bien caustique et drôle. Son humour simple, loufoque et populaire n'a pas tardé à donner ses fruits, puisque le rire naturel s'ensuivait à chaque tirade ou jeu de voix et d'imitation, car force est de constater qu'il y a un peu d'Elie Kakou dans le jeu et surtout la déclinaison vocale de Karim Belhadj qui est souvent troublante. Il faut dire que Karim Belhadj excelle dans l'art de la composition étant comédien né et ayant joué dans pas mal de films à l'étranger. Le spectacle s'inspire du quotidien d'un immigré algérien vivant dans la banlieue française et partagé entre les cultures arabo-musulmane et occidentale et est souvent maladroit et vieux jeu... D'ailleurs, l'humoriste explique le titre de son spectacle par cette «envie de sortir de la banlieue pour réussir, comme veulent le faire beaucoup de jeunes immigrés qu'on considère un peu comme de la racaille...». L'artiste aime se déguiser tout en arborant plusieurs personnages différents. Son spectacle s'ouvre sur celui de l'Algérien qui tabasse sa femme et passe chez Jean-Luc Delarue dans son émission «Ça se discute». S'ensuit l'image du juif radin mariée à une femme grosse comme il est de coutume dans l'imaginaire collectif. En somme, bien des clichés sont ici repris et dont les traits grossis font immanquablement rire le spectateur à tous les coups. La France des couleurs est aussi évoquée dans cette classe multi-ethnique, gérée par une institutrice raciste appelée Raymonde Barge. C'est un Karim Belhadj coiffé d'une perruque blonde qui se présente devant nous pour appeler ses élèves d'origines culturelles diverses et leur demande s'ils mangent à la cantine. Cette dernière n'a d'yeux que pour le petit Bernard et néglige les autres enfants dont le prénom lui est bien exotique et difficile à prononcer. «C'est une invasion des Arabes! Dieu que je te comprends Jean-Marie le Pen!» dit-elle en s'exclamant. Karim Belhadj pousse le bouchon encore loin plus et met en scène un Algérien qui se marie avec une femme noire ayant quatre enfants et actuellement enceinte d'un autre homme. Et c'est à Karim de l'annoncer à sa mère qui s'évanouit (au bout du fil) suite à cette nouvelle des plus cocasses. Karim Belhadj brosse par la suite plusieurs profils de gens qui pointent à l'Anpe pour aller chercher du travail. Il y a d'abord cette caricature du jeune rappeur, puis ce chinois qui, lui, veut plutôt acheter l'entreprise pour ouvrir un restaurant, un Portugais qui veut travailler à mi-temps pour s'acheter une nouvelle maison au Portugal, un imitateur de Belmondo SDF et enfin, une roumaine SDF pour bien boucler la boucle et coller à l'actualité française de Sarkosy dont le nom est parfois évoqué. Il y a aussi Mme Barge qui revient cette fois pour chercher du travail, alors qu'elle est internée cette fois dans un asile psychiatrique...Trop de personnages et pas assez de profondeur ont noyé cette partie du spectacle. Heureusement que la caricature du vieil Arabe qui a 12 enfants et parle avec un accent d'immigré des plus cassés fait encore recette. En somme, la banlieue qui n'a sans doute de secret pour notre Algérien originaire de M'sila est ici dénudé, mieux... passé au scalpel! L'humour était bel et bien au rendez-vous. Karim Belhadj, qui aime railler ses personnages devenues des compagnons de route depuis des années, se plait à faire sortir les traits saillants de la personnalité de chaque individu, bien qu'il ne faille pas perdre de vue que ceci n'est qu'un one-man-show. Notons que Karim Belhadj sera aujourd'hui à Sétif où il présentera son one-man-show et s'envolera après pour Oum El Bouaghi le 22 août pour terminer à Batna, le 24 août. Pas assez connu en Algérie, Karim Belhadj a toute l'aptitude pour réussir s'il se trouvait un bon manager comme celui de Abdelkader Secteur pour gérer sa carrière. Ce n'est pas le talent qui lui manque! «Je veux me faire connaître et faire connaître comment on vit en France, mais ici c'est quand même mon pays, c'est pourquoi je compte revenir en septembre Inchallah avec mon spectacle.»