En dépit du peu d'affluence du public, Karim est bien décidé à investir la scène algérienne pour plaire davantage à ses compatriotes. C'est la première fois qu'il se produit dans son pays, non sans crainte et un peu de trac presque palpable. Lui, c'est Belhadj Abdelouahab, alias Karim, son nom d'artiste. Ce comédien originaire de M'sila vit depuis des années à Lyon. Les affres de l'émigration et de l'exil, il en connaît un bout. C'est de ce vécu et ses avatars, ces petites choses qui font la vie que l'humoriste s'est inspiré pour réaliser son one man show Adieu la banlieue, histoire d'un immigré qui décide un jour de quitter sa banlieue pour Paris où il espère réussir. L'émigration reste en tout cas son sujet favori autour duquel gravitent ses sketchs avec notamment la caricature de ce «beur» qui sévit dans la cité avec une ribambelle d'enfants à charge. Il est à noter, par ailleurs, cet accent français «haché» et roulant les «r» dont il affuble souvent ses personnages, des Maghrébins bien évidemment ou encore ce délicieux accent pied-noir qui confère à l'artiste tout son talent d'interprète! Aussi, c'est en prenant son courage à deux mains que Karim est monté sur scène pour entamer son spectacle. Ce sera à la suite de la chanson Aïcha¸de Jean-Jacques Goldman d'après un texte original signé Karim où il n'est plus question de «perles ni de bijoux» mais «Oualah de rien du tout!» Le public, un peu sceptique au début, se laissera emporter peu à peu par le délire un peu «simplet» de ces gags, imitations et autres sketches burlesques et de se tordre de rire à la fin. Parmi ces sketches on peut citer ceux du Chinois, l'Anpe, Le juif pied-noir de service, Bénichou roi du Sentier, Titanic, Allo maman, La prise d'otage, le Jean-Paul Belmondo, SDF ou encore Le supporter de foot, fou de Marseille et interné dans une maison de repos... «Le taré», un rôle dans lequel Karim excelle. Ici, l'humoriste descend de scène et se rapproche de son public, histoire de créer une communion dans un parfait exercice d'improvisation - qui n'en est pas un en réalité - «Le flic efféminé», qui n'est pas sans rappeler «Chouchou» de Gad El Melah, est un des rôles les plus hilarants qu'il a su incarner. Et le spectacle s'est achevé sur un pastiche de l'émission de Jean-Luc Delarue Ça se discute qui devient Ça se dispute avec comme invité, notamment, cet Arabe coléreux et possessif comme il en existe tant, et battant régulièrement sa femme Fatiha. M.Tabasssa Mouloud, c'est son nom. De l'humour à la fois dans le geste, la parole et les mimiques qui a fini par gagner la sympathie du public. Un baptême du feu donc pour notre humoriste qui est allé à la rencontre de son public durant deux soirées consécutives, à savoir lundi et mardi derniers à la salle Ibn Zeydoun de l'Oref. Avec un peu plus de monde, ceci dit, pour la seconde soirée. C'est qu'il a préféré, probablement, mettre l'argent du billet d'entrée de côté (400 DA la place) pour l'achat du mouton. En dépit de cette affluence assez mitigée, Karim est pourtant bien décidé à investir la scène algérienne et séduire en faisant rire encore plus ses compatriotes. «Et tant qu'il y aura du monde, je resterai!», a indiqué notre Dupontel national, sur les traces de Smaïl. En effet, Karim promet de revenir au mois de mars prochain pour de nouvelles cascades de rire et de délire avant de s'envoler pour Oran puis Annaba.