Le complexe sidérurgique d'El-Hadjar (Ispat Annaba) risque carrément de fermer si les restrictions en énergie électrique imposées par Sonelgaz perdurent, selon le syndicat de l'entreprise. Comble de l'ironie, Sonelgaz, dans l'incapacité de faire face aux besoins du complexe, suggère, ni plus ni moins, aux dirigeants d'Ispat de se rapprocher de l'ancien client de l'Algérie en matière d'énergie, la Tunisie, pour éventuellement acquérir quelques mégawatts de secours. Pour l'heure, les responsables d'Ispat Annaba se disent contraints de prendre «la décision d'arrêt général du complexe si d'ici à quinze jours la situation demeure telle quelle, c'est-à-dire que si le complexe n'est alimenté qu'à hauteur de 80 à 90 mégawatts». Cette menace est d'autant plus sérieuse, que si elle venait à être prise, elle impliquerait «une fermeture pure et simple de tous les ateliers de production pour une période de trois à quatre mois». Mesure d'urgence, l'arrêt général du complexe peut être décidé afin de préserver les installations des chocs thermiques dont l'incidence est certaine sur leur durée de vie, explique-t-on, de même que cette mesure extrême est également le meilleur moyen, dans un tel cas de figure, de prémunir les travailleurs contre les accidents de travail. En réalité, la sonnette d'alarme a été tirée par les responsables et le syndicat d'entreprise depuis plusieurs semaines déjà. Les premières conséquences des restrictions en électricité ont été, d'abord, un arrêt forcé de plusieurs ateliers de production et «un énorme manque à gagner» pour l'entreprise. La première mesure d'urgence prise a, ainsi, consisté en l'arrêt, pour 48 heures, de toute la zone fonte (PMA, haut fourneau et cokerie) pour permettre à une installation stratégique du complexe, le Laminoir à chaud (LAC), de fonctionner pendant seulement seize heures au lieu des 24. Ni l'interpellation des pouvoirs publics ni les tentatives d'accord avec Sonelgaz n'ont donné de résultat, selon les responsables d'Ispat. A l'occasion d'une réunion, tenue dernièrement, la direction générale de Sonelgaz a suggéré aux responsables d'Ispat Annaba «de négocier avec nos voisins tunisiens pour essayer d'acquérir 100 MW d'énergie électrique nécessaires pour une reprise normale des activités du complexe». Sonelgaz s'est engagée à assurer le transfert de cette quantité d'énergie jusqu'au complexe, a-t-on précisé. Pour le syndicat d'entreprise, d'Ispat Annaba, cette suggestion «est une mission presque impossible» comme pour l'affaire des commandes gelées de Sonatrach qui pénalisent lourdement la filiale Alfatub, les mesures drastiques de restriction en énergie électrique sont «une autre perturbation qui ne veut pas dire son nom», selon le syndicat qui s'interroge si ce n'est pas à «une énième tentative de déstabilisation du complexe», du partenaire indien et des 11.000 postes de travail sauvés. Pour rappel, les besoins du complexe d'El-Hadjar en électricité sont de 130 à 160 mégawatts. En 2002, Ispat Annaba a réalisé une production de 1.200.000 tonnes d'acier. Les prévisions pour 2003, qui étaient de 200.000 tonnes de plus, sont, aujourd'hui, sérieusement compromises. Contactée par nos soins, la direction de Sonelgaz a démenti en bloc ces informations, précisant avoir eu une rencontre avec ses homologues d'Ispat, qu'une délégation a même été envoyée en Tunisie et que la compagnie algérienne se charge de transporter gratuitement l'électricité achetée. Nos sources soulignent que le transport représente le plus gros du coût, ajoutant que les restrictions ne sont opérationnelles que durant les heures de pointe entre 19 et 23h, chaque jour.