Les forces de sécurité ont pénétré, samedi à l'aube, dans un quartier de Homs et menaient des perquisitions à Lattaquié au lendemain de la mort de 34 manifestants en Syrie, où une mission de l'ONU est attendue. A Homs (centre), «plusieurs blindés de l'armée ont pris position à l'aube à Khalidyieh et des renforts des services de sécurité sont arrivés à Baba Omrou et Inchaat à bord de neuf véhicules», a affirmé le président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh) Rami Abdel Rahmane. Cette incursion intervient deux jours après que le président Bachar Al Assad a assuré au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon que les opérations militaires contre les contestataires avaient pris fin. A Lattaquié (ouest), les forces de sécurité perquisitionnaient le quartier de Qniniss, où l'armée est intervenue massivement cette semaine, a indiqué l'Osdh. Ces opérations interviennent au lendemain de manifestations qui se sont soldées par la mort de 34 personnes, selon l'Osdh, basé en Grande-Bretagne. Sous le slogan «les prémices de la victoire», des protestataires ont bravé lors du troisième vendredi de ramadan les forces de sécurité qui ont ouvert le feu sur les manifestants, ont annoncé des militants. Il y a eu 15 morts et 25 blessés dans des localités près de Deraa (sud), berceau de la contestation: huit à Ghabagheb, dont deux enfants de 11 et 16 ans, cinq à Hirak, un à Ankhel et un homme de 72 ans tombé sous les balles à Naawa, selon l'Osdh. D'après la même source, une personne a été blessée hier à Hirak quand des parents ont manifesté devant l'hôpital qui refusait de leur donner les corps de leurs proches. En outre, un manifestant est mort à Harasta et un autre à Douma, dans la banlieue de Damas, où un troisième homme a été tué, selon des militants sur place. Dans le centre du pays, 10 civils ont été tués à Homs, cinq à Palmyre et un à Qousseir, selon l'Osdh. Par ailleurs, les corps de cinq personnes enlevées mercredi par les milices prorégime ont été retrouvés vendredi dans un champ aux alentours de Houlé, selon Osdh. L'agence officielle Sana a rapporté la mort de trois policiers et de deux civils tués par «des hommes armés». Selon elle, ces hommes ont attaqué vendredi un poste de police à Ghabagheb, tuant un commissaire et un civil et blessant huit policiers. Il était impossible de confirmer ces informations de source indépendante, les autorités limitant fortement les possibilités de déplacement pour la presse. Sana annonce en outre les funérailles de 12 membres de l'armée, des forces de sécurité et de la police. La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a indiqué qu'il y avait désormais des «preuves» de «crimes contre l'humanité» commis en Syrie, appelant le Conseil de sécurité à saisir la justice internationale. Elle a précisé que son organisme avait dressé une liste de 50 dignitaires du régime syrien considérés comme responsables de la violente répression, y compris des tortures et des assassinats. Mme Pillay a ajouté, que d'éventuelles actions à entreprendre seraient examinées lundi au cours d'une réunion du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Un rapport de 12 pages publié le 18 août et établi par une mission de 13 experts mandatés par Mme Pillay dresse un catalogue glaçant de brutalités et d'actes de répression contre la population civile, qui pourraient relever de «crimes contre l'humanité».