L'obligation de rendre des comptes chaque année, dictée par la nouvelle loi électorale, suscite déjà des mécontentements au sein de la classe politique. Fini l'argent occulte. Les ressources des partis politiques seront mises sous la loupe. L'Etat exigera des comptes au centime près. La nouvelle loi électorale introduit de nouvelles mesures de contrôle du financement des partis. Elle oblige les partis politiques à rendre des comptes chaque année. Dans sa nouvelle mouture, la loi électorale impose aux partis politiques un bilan détaillé de leur budget annuel. Désormais, les partis doivent justifier tous leurs revenus et les dons reçus. Ces derniers ne pourront plus encaisser des chèques ou des sacs de la part des hommes d'affaires. A travers cette disposition, l'Etat veut assainir une situation qui mine le milieu politique. Nul n'ignore que l'argent est le maître mot du jeu politique. Bien que l'actuelle loi définit les règles de financement des partis, il n'en demeure pas moins que son respect fait défaut. Les fonds des partis politiques sont devenus des caisses noires. Ils reçoivent des dons estimés en millions pour ne pas dire en milliards de dinars. Le business politique est un créneau florissant à l'approche des échéances électorales. Si l'Etat a décidé de mettre les avoirs des partis en pleine lumière et sous surveillance, ce n'est pas pour rien. L'activité politique est sérieusement prise en otage par les affairistes. C'est l'argent qui prime sur les valeurs. L'achat des voix lors des élections n'est un secret pour personne. Cette pratique est monnaie courante au sein des partis. La jonction entre l'argent et la politique se confirme au fil des échéances. C'est la «ch'kara» qui impose son diktat renvoyant en bloc le militantisme et la compétence. De hauts responsables politiques se plaignent d'ailleurs de cette situation. «L'argent a pourri la politique», avait reconnu le secrétaire général du FLN Abdelaziz Belkhadem au lendemain des sénatoriales de 2009. Ces échéances ont laissé un arrière-goût du pouvoir de l'argent dans les choix des candidats. Les critères de sélection des candidats n'obéissent plus aux principes de l'idéologie et du militantisme. «La race qui croit en les idées est en voie de disparition», a estimé le porte-parole du FLN, Kassa Aïssi. Le RND a tiré la sonnette d'alarme bien avant. S'exprimant au lendemain des législatives de 2007 sur la loi électorale, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a fait savoir que l'enjeu consiste à «assainir la pratique électorale du business, de l'argent sale et de pratiques qui n'honorent ni la démocratie ni les partis politiques algériens, quels qu'ils soient». Le patron du RND a poussé loin le bouchon en précisant que le code électoral devra apporter un certain nombre de règles pouvant assainir la pratique électorale. Effectivement, la nouvelle loi électorale restreint le champ des contribution au profit des partis politiques. L'obligation de présenter des comptes rendus annuellement ne sera pas, à l'évidence, du goût des formations politiques, surtout que cela intervient à la veille des échéances législatives et locales. A l'instar du contrôle des revenus des partis, la loi électorale interdit toute collaboration avec les associations et la société civile. Comme elle oblige les partis politiques à pratiquer l'alternance au sein des postes de responsabilité. Ces dispositions risquent d'être rejetées par la classe politique lors de l'examen du projet de loi au niveau de l'APN. Le premier son de cloche vient de l'intérieur de l'Alliance présidentielle. Le FLN et le MSP n'ont pas tardé à afficher leur mécontentement. Le FLN et le MSP refusent l'ingérence de l'administration dans les affaires internes des partis politiques. Et pour cause, ces deux partis sont étroitement liés avec les associations. On comprend que le FLN et le MSP n'apprécient guère ce qui pourrait devenir la nouvelle donne.