«Le mensonge des uns est l'antidote aux mensonges des autres.» Bernardo Carvalho - Extrait de Mongolia La guerre en Libye s'est transformée peu à peu en une véritable guerre médiatique entre les partisans d'El Gueddafi, d'une part, Al Jazeera et les médias occidentaux, d'autre part. La journée du 22 août a été marquée par un tournant important dans la guerre médiatique entre ces deux camps. Toute la journée, les médias arabes, à leur tête Al Jazeera et ses suiveurs BBC Arabic, France 24 Arabic, Al Arabya et El Hurra, se félicitaient de la chute d'El Gueddafi et de l'arrestation de ses fils. La fin du régime de Tripoli passait indéniablement par la décapitation des leaders du régime, le guide et son fils Seïf El Islam. Même BHL (Bernard-Henry Lévy), chantre de la démocratie à la française, qui n'a jamais défendu la cause des Palestiniens ni celle des Libanais et qui s'est risqué en Bosnie, en Algérie et en Tunisie, avait peur de s'aventurer en Libye et s'est réjoui de la fin de Mouamar El Gueddafi et de ses fils sur le JT de France2. Mais c'était sans connaître Seïf El Islam, le plus intelligent et le plus rusé des fils du déjanté de Tripoli. Alors que son arrestation avait été annoncée par les insurgés libyens du CNT et la Cour pénale internationale (CPI), il est apparu bien libre vers 23h, à l'hôtel où séjournent les journalistes étrangers à Tripoli, brandissant un poing triomphateur, souriant, effectuant le V de la victoire et saluant ses partisans. Cette image n'a pas été diffusée tout de suite sur Al Jazeera et certaines chaînes arabes, pensant que c'était une image ancienne rediffusée pour la propagande. Mais quelques minutes plus tard, Al Jazeera était forcée de diffuser cette image et de la commenter avec des ennemis de l'ancien chef de Tripoli. La mine défaite et le regard perdu, les présentateurs d'Al Jazeera, Al Arabia et plus tard ceux de France 24, n'en croyaient pas leurs yeux. Seïf El Islam venait de leur infliger la plus importante gifle médiatique depuis le début du conflit. La même que celle que Saddam avait offerte quand il est sorti de son bunker pour se payer un bain de foule alors que les troupes américaines étaient à quelques centaines de mètres de lui. Seïf El Islam a profité pour déclarer que son père se trouvait en lieu sûr à Tripoli et pour balayer d'une image les rumeurs sur sa capture. Il a, notamment déclaré qu'il s'agit d'une guerre technologique et électronique destinée à plonger la Libye dans le chaos et la terreur. «Ils ont aussi amené des bandes armées par mer et par route», en allusion à un SMS envoyé lundi sur des téléphones portables à Tripoli pour féliciter leurs propriétaires de la chute de Mouamar El Gueddafi. A cela s'ajoute la fuite de son frère Mohamed, alors qu'il était gardé par sept hommes armés. Même si ses jours sont comptés, Seïf El Islam a donné une nouvelle preuve de l'incompétence et des mensonges fabriqués du CNT pour satisfaire la communauté internationale. Il a également offert une énorme tarte à la crème virtuelle et médiatique à BHL, qui a raté, en plus de l'échec dans sa carrière de réalisateur, sa carrière de communicant.