Le retour en force de l'islamisme politique a fait que les gens exhibent ostensiblement leur nouveau look. Les rares étrangers qui, en ces temps incertains, s'aventurent, encore, à visiter notre pays seraient bien en peine, aujourd'hui, au vu de la grande diversité des effets vestimentaires traditionnels portés par les Algériennes, de reconnaître quels sont ceux de couleur locale et ceux venant d'ailleurs. On exhïbe fièrement, aujourd'hui, jusque dans les localités les plus reculées, des effets portés sous d'autres cieux, par les habitants de Khartoum, Djedda ou Lahore. Les haïks en tissu de soie ou de coton et ceux, plus modestes, réalisés plus tard, en fibres synthétiques, qui étaient arborés, traditionnellement, il y a un peu plus d'une décennie par les des régions algéroise, oranaise et saharienne, tout comme les m'laïate que revêtaient leurs compatriotes des zones est de l'Algérie, ont fini, peu à peu, par céder le pas aux nombreuses modes traditionnelles importées de divers pays musulmans. Evolution des moeurs? Perte totale de repères et d'identité? Nos mères, nos soeurs ou nos épouses se sont mises à porter des habits d'autres contrées qui n'ont absolument rien à voir avec nos coutumes et nos traditions. Ce phénomène a commencé à prendre racine puis à se développer très rapidement, avec l'avènement, vers la fin des années 1980, de l'islamisme. Dans la plupart de nos villes et villages, il est devenu courant de rencontrer des arborant des tchadors iraniens, des djellabas marocaines et autres djilbabs originaires des pays du Golfe. A côté de ces modes vestimentaires, on peut, également, voir, de plus en plus, de , particulièrement parmi les plus âgées, la tête entièrement recouverte d'un ample foulard (khimar), engoncées dans des sortes d'amples tuniques à manches larges cachant toutes les parties de leur corps. La plupart de celles qui ont adopté ces nouveaux modes vestimentaires expliquent leur choix par le côté peu pratique du haïk qu'elles disent être obligées de maintenir des deux mains pour rester totalement couvertes. D'autres considèrent, par ailleurs, que le port du hidjab, du djilbab ou du tchador, est plus en accord avec leurs convictions religieuses profondes. Il y a aussi celles, parce qu'elles sont de condition modeste, qui préfèrent le port du hidjab pour éviter d'avoir à faire l'achat de toilettes dont le prix est bien au-dessus de leurs moyens financiers. Il y a beaucoup d'entre les Algériennes qui sont poussées, sous la contrainte de leurs proches, à adopter la «mode islamique» dont d'aucuns tiennent à souligner qu'elle permet de protéger les bonnes moeurs au sein de la société. Considérées comme passées de mode, elles sont de plus en plus rares les algériennes à se risquer dans la rue, avec un haïk ou une m'laïa. Lors de réjouissances organisées à l'occasion de mariages ou de baptêmes, il n'est pas rare, là aussi, de rencontrer des vêtues de saris indiens ou pakistanais ou de tuniques syriennes au détriment des karakous, kaftans et autres mansouriates. Seules, dans les campagnes, des Algériennes continuent à résister et à rester attachées à leurs habits traditionnels. L'exemple le plus éclatant est celui de la Kabylie où les de cette région continuent de porter, fièrement, la thakandourt, robe traditionnelle aux couleurs chatoyantes.