Acheter 4 baguettes de pain pour en jeter 2, contribue à fragiliser la sécurité alimentaire. Le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural (Madr), Sid Ahmed Ferroukhi, a estimé que la réponse à la hausse de la consommation s'effectue à deux niveaux, à savoir par la production locale ou par l'importation. Invité de l'émission «Le jeudi de l'Economie», diffusée sur les ondes de la Radio Algérie Internationale (RAI), M. Ferroukhi a rappelé que, «pour la troisième année consécutive (...), nous avons enregistré un taux de croissance agricole qui est supérieur en moyenne de 8%, et on devrait s'attendre à une croissance moyenne de 7% pour cette année». Par ailleurs, il faut savoir que la production agricole en Algérie s'est multipliée par sept depuis l'Indépendance, tandis que la population a triplé. D'autre part, on est passé d'une disponibilité de 2700 calories à 3100 calories per capita. Donc, il y a l'évolution démographique, celle du pouvoir d'achat et celle aussi des habitudes alimentaires qui est de «type urbain». M Ferroukhi a rappelé que depuis plus d'une année, les prix des denrées alimentaires sur le marché international connaissent une volatilité importante. Les opérateurs nationaux, publics et privés en charge de la régulation ont accru leurs importations en essayant d'anticiper sur les marchés. D'autre part, il faut noter que les importations alimentaires représentent 15% de notre facture totale des importations qui est estimée à 40 milliards de dollars. Interrogé lors de la même émission sur ce recours systématique aux importations, le SG du ministère de l'Agriculture a affirmé que l'Algérie n'a pas l'intention de produire tout ce quelle consomme, mais «il faut arriver à produire une part assez importante pour sécuriser nos approvisionnements et équilibrer nos capacités de production interne avec les importations». Le même responsable a expliqué que ce sont les céréales, le lait, les huiles alimentaires et le sucre qui constituent l'essentiel de nos importations. Concernant le lait, cela est dû à l'anticipation des importateurs pour approvisionner le marché au premier semestre où les disponibilités sont plus importantes qu'à la deuxième partie de l'année. Pour ce qui est des huiles alimentaires, il y a eu une évolution des prix de 50% et pour le sucre 30%. Cela dit, dans le cadre de la politique de renouveau agricole et rural, nous avons mis en place un certain nombre de mesures à même d'augmenter la production agricole. Pour la filière lait, nous attendons 400 millions de litres de collecte de lait cru, contre une moyenne de 200 millions de litres de lait cru collecté les années précédentes. La politique des pouvoirs publics dans le secteur agricole, dévoile le SG du Madr, se déploie sur les filières stratégiques que sont les céréales, le lait, la pomme de terre, les viandes, l'oléiculture, la phoëniculture...qui doivent se moderniser. Dans la filière céréalière, la mécanisation a doublé sur trois ans, l'utilisation des engrais a triplé tandis que l'utilisation de la semence certifiée est passée de 700.000 quintaux à 1,5 million de quintaux. Dans sa réponse, Ferroukhi a souligné que la politique de Renouveau agricole et rural s'appuie sur la volonté de «moderniser le secteur agricole» en faisant participer l'ensemble des acteurs intervenant dans le secteur... Aussi, faut-il que toute la société se mobilise: la société agricole et la société agroalimentaire. En somme, la sécurité alimentaire est l'affaire de tout un chacun, estime-t-il. Il ne s'agit pas seulement de porter un regard sur les statistiques liées aux importations mais il s'agit aussi d'une série de petits actes que chacun se doit de faire pour améliorer cette sécurité alimentaire. A titre d'exemple, si vous achetez quatre baguettes de pain alors que vous n'en avez besoin que de deux les deux autres seront jetées; avec cet acte vous contribuez à fragiliser la sécurité alimentaire du pays. Bien sûr que c'est possible, s'exclame-t-il, en guise de réponse. Je dois préciser, a dit Ferroukhi, que dans le cadre du plan quinquennal, le secteur agricole a fixé comme objectif de réaliser un taux de croissance de 8% qui a été dépassé pendant les trois dernières années. Ce taux est très important (...), sans oublier qu'en face il y a des défis importants comme la consommation qui ne cesse d'augmenter. Et de citer l'exemple de la pomme de terre où la production a dépassé largement les 30 à 35 millions de quintaux pour cette campagne. Il y a 5 ou 6 ans, elle n'était que de 20 à 25 millions quintaux.