Pékin a tenté hier de dissiper les craintes suscitées par la hausse de son budget militaire et la modernisation de son armée, deux semaines après avoir rejeté un rapport du Pentagone l'accusant d'améliorer son arsenal nucléaire et de développer sa puissance navale. Le Livre Blanc du gouvernement chinois insiste sur la nature «pacifique» et «défensive» de sa politique de défense. Les ambitions de Pékin dans l'ensemble des régions maritimes à l'ouest du Pacifique suscitent des inquiétudes croissantes, plusieurs différends territoriaux non résolus provoquant des pics de tension chroniques entre la Chine et ses voisins. «La Chine ne va pas s'engager sur le sentier battu des invasions, expansions et guerres», a déclaré Wang Yajun, chef du Bureau central des Affaires étrangères, qui conseille l'exécutif du pays, lors d'une conférence de presse. «La Chine ne va pas attaquer un autre pays à moins que nous soyons attaqués», a-t-il ajouté, tout en posant les limites habituelles à ce discours classique: pas question de laisser Taiwan devenir indépendant du continent ni de transiger sur les «intérêts vitaux» de la Chine. «Même si nous nous sommes engagés sur la voie d'un développement pacifique, nous ne le ferons pas au détriment de nos intérêts nationaux», a dit M. Wang. «Nous ne permettrons pas une séparation de Taiwan et de la Chine». Ces dernières semaines Washington et Tokyo ont exprimé leur préoccupation, certains équipements militaires de Pékin ressemblant de moins en moins à des armes de défense: le premier porte-avions chinois a par exemple effectué le mois dernier ses premiers essais. L'Armée populaire de libération - la plus grande du monde - cultive le plus grand secret sur ses programmes militaires, alimentés par un budget de défense dopé par une croissance économique de 10%. Le budget chinois de la Défense a augmenté de 12,7% cette année, pour atteindre un montant de 601,1 milliards de yuans (65,6 milliards d'euros). Une progression qui marque un retour à un nombre à deux chiffres, après une progression limitée à 7,5% l'an dernier. Pékin mène plusieurs programmes emblématiques, notamment celui de son chasseur-bombardier furtif J-20 considéré comme la réponse chinoise au chasseur furtif F-22A Raptor de l'US Air Force. L'armée chinoise développe aussi un missile balistique pouvant frapper à des milliers de kilomètres les navires de guerre. Les nouveaux programmes d'armement chinois semblent dirigés contre les Etats-Unis, avait estimé en janvier le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen. Selon un rapport du Pentagone publié fin août, Pékin a renforcé ses moyens d'attaques dans le détroit de Taiwan et «modernise son arsenal nucléaire» en se dotant de nouvelles armes.