Cette nouvelle mesure aux effets d'annonce risque tout simplement d'être annulée. Quelques modifications dans l'avant-projet de loi organique relatif au régime électoral, soumis actuellement à l'examen du Parlement méritent d'être relevées. Il s'agit entre autres du remplacement de la signature sur la liste d'émargement par l'apposition de l'empreinte digitale pour tous les électeurs. Cependant, on ignore par quel procédé, avec quel moyen ou outil les pouvoirs publics comptent-ils la mettre en oeuvre pour appliquer cette nouvelle disposition lors des prochaines opérations électorales. S'agit-il d'un système de vote par empreinte digitale informatisée ou de l'encre indélébile? Le premier nécessite pour ce faire des logiciels de pointe ou (high tech) tandis que le second procédé non moins onéreux fait appel à l'importation d'une grande quantité de cette encre indisponible en Algérie. L'encre indélébile sert à authentifier le vote individuel des électeurs. Dans ce cas de figure, on ne sait pas encore si le département de l'intérieur s'occupera lui même de cette opération ou s'en déchargera sur une société spécialisée, par un appel d'offres national et international. Plus prosaïquement, l'Etat cèdera-t-il cette charge à un importateur et/ou intermédiaire? Donc ce n'est pas aussi simple que l'on veut bien le faire croire. L'opération «empreinte» est donc loin d'être une sinécure. Dans ce contexte, il faudra la distribution de tubes d'encre indélébile aux différents, aux milliers de bureaux de vote pour les 1541 communes du territoire national, aux ambassades et consulats retenus pour le vote des Algériennes et des Algériens à l'étranger. Qu'on en juge: le nombre de bureaux de vote s'élevait en 2009 à 47.150 unités dont 46.577 fixes, 330 au niveau des différents postes diplomatiques et enfin 243 bureaux itinérants répartis sur les 10 wilayas du sud du pays et 3 wilayas des Hauts-Plateaux à l'Est. Dans le cas de signature (ou empreinte) électronique, le recueil des empreintes digitales doit se faire à l'avance. L'administration devra ainsi enregistrer l'identité et l'état civil de tous les votants et leurs empreintes digitales dans un système biométrique. Le jour «J», l'électeur se fait identifier en mettant son doigt dans le lecteur d'empreintes digitales; le système l'authentifie. Le gouvernement, qui a dû annuler la confection des cartes d'identité et passeports biométriques sera-t-il en mesure de mener cette opération complexe qui présente autant de difficultés? En tout état de cause, que ce soit la mise en place d'un système de vote par empreinte digitale informatisée ou par l'encre indélébile, les deux procédés visent théoriquement l'élimination de la fraude dans le processus électoral. L'idée en soi est séduisante car par ces systèmes on peut éliminer au moins le vote des personnes décédées, le double vote, mais aussi garantir la présence physique de l'électeur. Mais, selon plusieurs spécialistes, l'outil de contrôle ainsi conçu, peut se transformer en un instrument de règlement de comptes, après les élections. Tous ceux qui auront voté pour l'opposition, prennent ainsi des risques. Néanmoins, cela sera-t-il suffisant pour stopper le trucage électoral massif, totalement ancré dans les moeurs politiques? Pour de nombreux analystes, les quelques nouveautés introduites dans l'actuel texte de loi, ne sont que des détails plus ou moins importants d'autant plus que les mécanismes de fraude sont multiples. Car le problème fondamental consiste en la prise en ligne de compte de l'expression réelle de la volonté populaire sur tous les plans: médiatique, institutionnel, et, a priori, son ancrage dans la loi fondamentale.