Les filles quittent prématurément l'école «Des dizaines de parents d'élèves abandonnent les inscriptions scolaires de leurs enfants, à commencer par les filles à cause de la pauvreté.» Pour cause de pauvreté et manque de moyens de transport, notamment dans les zones enclavées, les filles quittent prématurément l'école. Elles sont les premières à faire les frais de cette décision parentale souvent amenée à faire ce choix douloureux. «Ce n'est un secret pour personne: des dizaines de parents d'élèves abandonnent les inscriptions scolaires de leurs enfants, à commencer par les filles à cause de la pauvreté», selon Hamid, père de famille rencontré dans un magasin à Alger. Dès le cycle primaire, ces «filles» victimes quittent l'école, et le phénomène n'est pas circonscrit dans une région ou dans une wilaya. Au sud du pays, à l'est, à l'ouest et au Centre, des parents sont amenées à faire ce choix douloureux. «Je connais beaucoup de familles qui ont obligé leurs filles à quitter l'école à cause du manque de moyens financiers. Ils ne peuvent plus répondre aux besoins de leurs scolarité à Alger notamment», a confié Mme Khodja, une parente d'élève. Le drame c'est que personne ne peut dire «à quel taux» ces filles quittent l'école. Au grand sud du pays, c'est encore pire, notamment dans les zones nomades. Selon des témoignages que nous avons recueillis à Ouargla, Hassi Messaoud, Tamanrasset, Béchar, Tindouf et autres, le phénomène est très répandu et il touche même les garçons. Mais les filles sont les premières victimes. Elle sont obligées de quitter les banc des écoles en premier lieu. Pour illustration, nous avons été témoins d'une situation dramatique en terme de scolarité des enfants dans la région de Hassi Berkine, à quelque 350 km de Hassi Messaoud, et plus exactement les environs du village «El Borma». «Nous vivons dans cet endroit bien avant l'arrivée de Sonatrach et autres sociétés pétrolières étrangères», dira un vieux qui dépasse les 80 ans pour expliquer l'absence de toutes politiques de scolarisation des enfants dans cette région livrée au nomadisme. «C'est grâce à l'arrivée de Sonatrach et des autres sociétés pétrolières que nos enfants ont pu découvrir l'école», témoigne ce vieux «J'ai le niveau de 4e année moyenne. c'est moi qui est le plus instruit de la population. C'est moi qui écrit et lit tout leur courrier», a témoigné Miloud Fateh, âgé d'environ 30 ans. Jouissant d'un respect et d'une considération dignes des grands maîtres, Miloud est le seul à avoir la chance de suivre une scolarité plus ou moins longue à Hassi Messaoud, avant de revenir chez sa famille dans la région de Hassi Berkine. Contactés par téléphone, plusieurs enseignants et responsables d'établissements scolaires ont minimisé plus ou moins ce phénomène. «C'est vrai qu'il y a des aides de l'Etat aux enfants scolarisés, notamment pour les livres, mais pour les trousseaux scolaires c'est insifignant ce qui est accordé aux enfants nécessiteux», dira Hafid C, enseignant dans une école normale à Alger. Les statistiques de l'Education nationale ainsi que de l'université algérienne enregistrent le taux le plus élevé en matière de succès et des inscriptions en filles. Malheureusement, aucune statistique n'a pu déterminer le taux des échecs scolaires à cause de la pauvreté.