Les réactions des partis donnent un avant-goût du climat qui risque de caractériser les débats sur les projets de loi. Les réformes inquiètent la classe politique. Ce chantier, qui entame une étape cruciale, affole les partis politiques. Alors que les débats n'ont pas encore commencé au niveau de l'APN, les partis manifestent déjà leur crainte. Ces derniers multiplient les mises en garde contre un éventuel échec du processus. Le parti du MSP est revenu à la charge vendredi dernier. Bouguerra Soltani, son président a exprimé pour la troisième fois consécutive ses craintes sur le sort des réformes politiques. Intervenant à la cérémonie de clôture de l'académie de formation des futurs cadres du mouvement, M. Soltani admet qu'il existe une volonté politique de mener à bien ces réformes. Néanmoins, il se montre peu confiant vis-à-vis de l'administration. Sans aller par trente-six chemins, M. Soltani craint que l'administration entrave la réalisation de ces réformes «par son hésitation et son incapacité parfois à s'adapter aux mutations qui s'opèrent dans la société». Le MSP n'est pas le seul à avoir ce doute. Le Parti des travailleurs exprime le même souci. La formation de Louisa Hanoune est allée au fond des choses. Dans un communiqué rendu public vendredi dernier, le PT a estimé qu'il existe un «décalage flagrant» entre l'orientation des projets de lois relatifs aux réformes politiques, examinés en Conseil des ministres le 28 août dernier, et celle contenue dans les projets soumis à l'Assemblée populaire nationale (APN). «Bien que la majorité des mesures importantes annoncées dans le communiqué du Conseil des ministres soient inscrites dans ces projets», relève le PT dans un communiqué ayant sanctionné la réunion du secrétariat de son bureau politique. Ces mêmes mesures ont été «grossièrement noyées» dans les projets de loi par d'autres dispositions. Il cite comme exemple, le projet de loi organique relatif au régime électoral où ce parti perçoit une «volonté manifeste, de «maintenir l'ancien système électoral». Le secrétariat du bureau politique du PT fait part de son «étonnement» de voir les rédacteurs du projet «omettre» d'inclure une disposition annoncée dans le communiqué du Conseil des ministres, à savoir «la présidence de la commission communale des élections par un magistrat, remplacé dans le texte présenté à l'APN par un président que doit désigner le wali». Le PT s'interroge sur les «motivations réelles» du «maintien, à son avis, de toutes les dispositions de l'ancienne loi organique relative au régime électoral qui ont permis jusqu'à présent à l'administration d'avoir la mainmise sur tout le processus électoral (article 63) et de faciliter la fraude et autres manipulations constatées durant les scrutins précédents», indique le communiqué. Le PT affirme «désapprouver énergiquement» la démarche des rédacteurs des projets de loi consistant à «continuer à confier à l'administration l'organisation de tout le processus électoral et à maintenir les pouvoirs exorbitants des walis qui nomment les chefs de centre de vote (article 31), les membres des bureaux de vote (article 40) et les membres de la commission électorale communale (article 152)». Estimant que la multiplication des commissions électorales pourrait même être une source de «confusion», le PT propose la constitution d'«une seule et unique commission, composée des représentants des partis participant aux scrutins, présidée par un magistrat, et ce, à l'échelle nationale, wilayale et communale». D'autres partis se sont également exprimés. Le Mouvement de la jeunesse et de la démocratie MJD interpelle le gouvernement et le Parlement afin de tirer des leçons du monde arabe et de saisir les réformes politiques pour construire l'Algérie de demain. Le Mouvement algérien pour la justice et le développement (Majd) a, de son côté, plaidé pour une révision profonde de la Constitution qui engage la volonté de rupture et de fidélité au message de paix exigée par le peuple. Les réactions des partis donnent un avant-goût du climat qui risque de caractériser les débats sur les projets de loi. L'ambiance promet d'être électrique à l'APN.