Avec leurs propos déplacés, leur mine maussade et leur barbe hirsute, de nombreux chauffeurs de taxi ont rompu tout lien avec l?éthique et les principes du service public. Outrés, les citoyens se plaignent et jettent l?anathème sur eux. La profession, longtemps livrée à une gestion hasardeuse, s?est trop clochardisée. Le chauffeur de taxi est devenu un mouton noir avide de gain facile. Il faut avouer que pour pouvoir se faire transporter, le client est obligé de négocier son itinéraire avec tact, patience et placidité. Le conducteur, inflexible, choisit sa clientèle, son parcours et fait payer rubis sur l?ongle sa prestation. Le citoyen, pressé par l?urgence, cède à ses exigences la mort dans l?âme. Comme pour se justifier, le chauffeur de taxi invoque différents arguments ? le plus souvent spécieux ? pour cautionner son attitude. Cela va du manque de pièces de rechange, de leur cherté, jusqu?à la vétusté de son moyen de locomotion. Au courroux des uns, fait face une argumentation globalement irrecevable et fallacieuse des autres. Devant cette situation intolérable, les pouvoirs publics ont enfin décidé de réorganiser la profession en lui restituant sa vocation de service public. Ce n?est là qu?un juste retour des choses. Des mesures sont prises. Elles consistent grosso-modo à réhabiliter le métier en réconciliant l?usager avec le prestataire de services. Entre autres recommandations édictées, on cite l?obligation de mettre en conformité les taximètres avec la nouvelle tarification entrée en vigueur depuis le 15 août. Le jumelage est prohibé et l?affichage des prix devient obligatoire. En somme, un code de bonne conduite est tracé et qui délimite rigoureusement les droits et devoirs du client et du chauffeur de taxi. Néanmoins, des réticences demeurent. Par exemple, les chauffeurs de taxi refusent de rejoindre les stations de taxi et la disparition progressive du taxi collectif. Les pouvoirs semblent déterminés à sanctionner les récalcitrants. Les syndicats tels que l?Ugcaa, l?Unact réclament plus de dialogue et de concertation pour aplanir les points de discorde. Comme on le constate, les voies vers une normalisation définitive du métier sont truffées d?obstacles. Mais il convient d?emblée, de signaler que ces mesures sont nécessaires. Tout le problème est de parvenir à supprimer ce reliquat de pratiques contraires à l?esprit de la profession. Et le plus tôt sera le mieux.