1192 bidonvilles minent l'existence des Saïdis qui souhaitent au Président «un deuxième mandat pour sauver la République», comme lu sur une banderole. La ville de Saïda a délégué son prince, Cheb Mami, pour accueillir le Président de la République. Ce fut au charmant hôtel de ville de Medeghri, tout un symbole pour une jeunesse locale avide de meilleurs lendemains. A l'approche de cette dernière l'on sent cette hargne, cette rage de vouloir en découdre avec certaines pratiques pernicieuses de «hogra, de passe-droit et de dédain» à l'origine de toutes les injustices. La population de Saïda en a gros sur le coeur. Elle veut parler; à tel point qu'elle prend carrément d'assaut le cortège présidentiel qui n'a d'alternative que de s'enfoncer dans les larges rues de Saïda qui le mène à la piscine semi-olympique, que le chef de l'Etat inaugure aussitôt. Au carrefour de la ville, comme pour interpeller l'affect de Abdelaziz Bouteflika, les Saïdis ont dressé côte à côte les deux portraits: celui du Président et celui de l'enfant chéri de cette ancienne wilaya, le défunt Ahmed Medeghri à l'époque où Saïda a beaucoup profité des fameux plans spéciaux de développement. Un développement qui s'impose aujourd'hui à cette ville, à mi-chemin entre Bechar et Alger que le terrorisme sanglant, a réussi à mettre à genoux. Elle espère aujourd'hui une enveloppe financière importante, qui puisse la sortir de la précarité du logement, de l'insuffisance en assainissement et viabilisation dans nombre de cités du chef-lieu de wilaya et d'autres localités. A ce propos, le Président de la République qui s'est rendu hier à Haï Nasr où il a inauguré 108 logements sociaux a été saisi par le contraste pathétique qu'offre ce tableau presque surréaliste qui est celui de voir pousser une cité flambant neuve en face d'un bidonville, existant sur le même périmètre, depuis 1962. Il s'agit du quartier D'har Echikh dont les «habitants» aux visages émaciés et brûlés par le soleil ont interpellé avec insistance M.Bouteflika: «Nous, toute la population de Saïda est bouffée par ses responsables», lance un vieil homme en turban blanc et gandoura: «Nous n'avons ni logement, ni eau, ni électricité», poursuit-il. Propos que le Président a immédiatement tempérés en promettant d'éradiquer tous les bidonvilles existants encore. «Donnez-moi un peu de temps et j'éradiquerai tous les taudis», a-t-il répondu. Ainsi, en est-il également du bidonville de Oued El-Ouahnif où sont confinées dans la misère 57 familles loin des projecteurs, depuis 1960. Cette visite du chef de l'Etat, la première après celle de Chadli en 1981, arrivera-t-elle à améliorer le sort de cette wilaya en matière de résorption du logement précaire et insalubre? Accompagné de son ministre de l'Habitat, M.Nadir Hamimid, Bouteflika en donne l'assurance. Pourtant l'ampleur de la tâche est grande. Bien qu'à Saïda 1192 sordides bidonvilles minent l'existence de familles entières. Nombreux sont ceux qui datent d'avant 1960. Ainsi, en se déplaçant à El-Bordj, une banlieue déserte et désoeuvrée où il a inauguré 500 nouveaux logements, le Président a pris brutalement conscience des attentes de cette localité en habitats. Comptant 302.227 habitants, Saïda ne dispose que d'un parc immobilier de 55.620 logements. Or le besoin lancinant en logements sociaux est estimé à 19.200 unités. Au même moment 4000 bidonvilles sévissent insidieusement sur tout le territoire saïdi. Au cours de la visite d'hier, le Président a procédé à la pose de la première pierre de la future bibliothèque de la wilaya, qui sera appelé dans un avenir lointain à devenir la maison de la culture de la wilaya. Comme il a inauguré les centre universitaire Moulay-Tahar abritant la bibliothèque de 2000 places pédagogiques de ce centre universitaire. Le Président a appelé à une formation complète et sérieuse des universitaires. «Je ne peux donner d'agrégation par décret», a-t-il fait remarquer. Et d'enchaîner ensuite sur des inaugurations, d'abord à l'institut des 2000 places pédagogiques puis à la cité universitaire de Haï Nasr où il a lancé la 2e et la 3e tranches de 1000 lits. La pose d'une trémie sur la RN et l'ouverture du chantier du centre scientifique et de loisirs furent également au programme chargé de chef de l'Etat qui s'est rendu dans la soirée à Oran. Saïda parviendra-t-elle à renaître de ses cendres?