Cette annonce pourra-t-elle influer positivement sur le dialogue à venir entre le pouvoir et les ârchs? Près d'une année et demie après la constitutionnalisation de tamazight, les premiers chantiers visant son introduction dans les segments de l'enseignement viennent d'être lancés par le gouvernement algérien. En effet, le Conseil du gouvernement a examiné avant-hier et endossé un avant-projet d'ordonnance modifiant et complétant certaines dispositions de l'ordonnance n°76-35 du 16 avril 1976, portant organisation de l'éducation et de la formation. Ce projet, présenté par le ministre de l'Education nationale, s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre des directives du Conseil des ministres du 30 avril 2002, visant à adapter le dispositif qui régit le système éducatif à la situation socioéconomique et culturelle de notre pays. Il fait suite à l'amendement de certaines dispositions de l'ordonnance n°76-35 sur deux points essentiels, dont l'introduction et la promotion de la langue et de la dimension amazighes dans le système éducatif en conformité avec la révision constitutionnelle du 3 avril 2002. Ces nouvelles dispositions intègrent l'enseignement et la promotion de la langue amazighe dans le système éducatif et prévoient son introduction dans les enseignements des sciences sociales et humaines, a indiqué le communiqué du Conseil du gouvernement. Il est utile de signaler que cette révision des dispositions de l'ordonnance de 1976 est venue timidement et a été couplée au dossier des écoles privées en Algérie. Du coup, les observateurs s'interrogent sur cet intérêt soudain à la promotion de tamazight, si ce n'est une manière de contourner l'obstacle qui s'est érigé au dialogue entre le pouvoir et les ârchs pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Comment pourrait-il en être autrement? Car, s'il est véritablement question de promotion de tamazight, la première chose à faire est de dresser le bilan de ce qui a été réalisé depuis 1995 à ce jour dans le domaine. La reconnaissance de tamazight comme langue nationale en 2002, cette vérité de La Palice, est du reste interprétée, aujourd'hui, comme une parade, une façon pour le pouvoir de se déjuger de ses nombreuses injustices à l'égard de ce pan entier de l'identité algérienne en se servant d'un Parlement croupion. Aujourd'hui, alors que le dialogue entre les véritables représentants du mouvement citoyen des ârchs et le pouvoir est enclenché, la question de l'introduction de tamazight dans les cycles d'enseignement et formation s'apparente à une arme à double tranchant. Si elle est entourée de transparence et de sincérité, elle ne pourrait que profiter au processus de règlement de la crise de Kabylie. Le cas échéant, c'est toute la dynamique qui pourrait être remise en cause. La solution sera alors renvoyée aux calendes grecques, entendre par là, calendes électorales.