Le FLN salue les décisions du Conseil des ministres, le FNA réprouve et El Islah exprime des doutes. Changement de façade ou signe d'un véritable recadrage du fonctionnement institutionnel du pays? Les derniers textes de loi adoptés par le Conseil des ministres de dimanche et lundi, divisent les partis politiques concernant leur approche des intentions du pouvoir. Les uns voient une volonté de tout contrôler en procédant à des changements de façade tandis que d'autres décèlent une volonté réelle de changement de la part du pouvoir. Le Front de libération nationale (FLN) est de ces derniers. Abdelhamid Si Afif, membre du Bureau politique de ce parti, estime que les trois projets de loi concernant «des secteurs vitaux de la vie politique nationale», adoptés lundi, ne sont pas moins importants que les quatre projets soumis pour adoption et qui sont actuellement au niveau du Parlement. Pour lui, la nouvelle loi sur les partis introduit des mécanismes pour assainir la pratique démocratique au sein des partis et assurer la transparence de leur gestion en mettant des garde-fous contre toute dérive. Notre interlocuteur n'a pas manqué de saluer l'ouverture du champ audiovisuel, qualifiant la décision qui «consacrera la liberté d'expression et l'ouverture des médias» d' «historique». «Toutefois, il s'agit d'une décision importante ayant des aspects positifs mais sa mauvaise interprétation peut avoir des impacts négatifs», a-t-il noté. D'où la nécessité, selon lui, de mettre en place des mécanismes à même d'éviter tout dérapage dans l'utilisation des médias lourds. «Pour le FLN, il s'agit de s'employer ou d'agir pour donner un réalisme à cette décision et d'essayer d'en tirer profit dans l'intérêt de la nation (...) et la protection des droits et libertés des citoyens», a expliqué M. Si Afif. Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA) ne partage pas le discours et la vision du FLN. Pour lui, les réformes politiques ne sont que «des solutions de replâtrage». «Pour nous, il s'agit de changer les mentalités et les comportements. Il faut réviser d'abord la Constitution qui serait précédée par la tenue d'une charte nationale qui aura à définir la nature du régime», a déclaré M. Touati. Pour notre interlocuteur qui estime que l'Algérie mérite plus de démocratie et de liberté, les Algériens ne sont pas encore sortis de l'auberge et les réformes actuelles n'apporteront pas un changement pour le pays. A travers ces réformes, M. Touati voit une ruse du régime pour maintenir le statu quo. Pour lui, ne profiteront de l'ouverture du champ de l'audiovisuel que la clientèle du régime. Et pour cause, selon le président du FNA, ceux dont les chaînes TV et radios seront agréées ont déjà acquis le matériel, les locaux et tout l'équipement pour se lancer dès que la loi sera applicable. Pour sa part, le secrétaire général du parti El Islah, Hamlaoui Akouchi, a exprimé des réserves sur le projet des réformes. «Ces réformes sont venues d'en haut et ça n'a rien à voir avec les consultations. D'ailleurs, on n'a pas vu le rapport de la Commission de consultations», a-t-il dit. Pour notre interlocuteur, «ces réformes comportent plusieurs anomalies et sont au service du pouvoir et non du peuple». M. Hamlaoui, sans expliciter ce qu'il entend par «anomalies» invite les députés à rattraper ces anomalies, souhaitant que le Parlement soit à la hauteur pour servir les intérêts du peuple. Le secrétaire général d'El Islah s'est dit, en outre, satisfait de l'ouverture du champ audiovisuel, dans le cadre du projet de loi sur l'information adopté, lundi par le Conseil des ministres. «C'est un pas important mais qui est venu en retard», a-t-il dit, faisant remarquer que l'opinion publique nationale est faite par les chaînes satellitaires étrangères. Mais notre interlocuteur a exprimé certaines craintes quant à l'application stricte de cette loi. «On craint que cette loi ne soit pas appliquée en fin de compte et que certaines parties veilleront à son détournement», s'est-il alarmé. MOHAMED HADEF, PRESIDENT DU MNE «48.000 signatures pour la présidentielle serait parfait» Le président du Mouvement national d'espérance (MNE), Mohamed Hadef, veut la revue à la baisse du nombre de signatures à collecter par les candidats à l'élection présidentielle. L'avant-projet de loi sur le régime électoral, tel qu'adopté par le Conseil des ministres, fixe le nombre de signatures à 60.000 pour pouvoir participer à l'étape finale de l'élection. Auparavant, le nombre était de 75.000 signatures. Le président du MNE demande à ce que ce nombre soit réduit à 48.000, soit 1000 signatures par wilaya. «Ce qui est plus logique et parfait», a-t-il déclaré. Le Dr Hadef a appelé, de ce fait, les députés à proposer un amendement dans ce sens «pour permettre une large participation aux joutes électorales». Concernant toujours la loi électorale, le président du MNE a salué la suppression de l'article de l'ancienne loi qui contraignait les partis candidats aux élections d'avoir un taux de 5% des voix exprimées lors des précédentes élections.