«Le monde entier nous observe et voit d'un bon oeil cette ouverture en Algérie» Abdou B., Bedjaoui, Derais et le patron de Beur TV ont bien accueilli l'annonce. Suite a l'annonce de l'ouverture de l'activité audiovisuelle aux privés et l'élaboration prochaine d'une loi spécifique dans ce domaine, plusieurs anciens et actuels responsables de télévision, ont exprimé leur satisfaction et leur soulagement quant à la décision prise par le Président Bouteflika en Conseil des ministres. L'ancien directeur de l'Entv entre 89 et 91, Abdou B. estime que «ce nouveau projet s'inspire à 90% des textes de Mouloud Hamrouche en avril 90». Il ajoute que le président a dit lui-même dans un de ses discours que ces dispositions ont été initiées il y a deux décennies. L'ancien responsable de l'Unique, souligne la ferme volonté du président à poursuivre les réformes. «C'est une avancée remarquable», dit-il. De son côté, Ahmed Bedjaoui, ancien directeur de production à l'Entv et actuel conseiller en matière de cinéma au ministère de la Culture, salue cette décision. «Il fallait bien que cela arrive. Pour une fois, l'Algérie, n'est plus à la Une des médias internationaux avec une information sur le terrorisme. Le monde entier nous observe et voit d'un bon oeil cette ouverture en Algérie. C'est ce qu'on attendait depuis toujours.» Il pense qu'il faudrait installer les nouveaux mécanismes de production, revoir les structures et consacrer une industrie audiovisuelle. «Il y a encore beaucoup de choses à faire», dit-il. Même satisfaction chez Bachir Derais, l'un des producteurs les plus actifs sur la place cinématographique algérienne. «Il était temps que l'Algérie ouvre son champ audiovisuel. Aujourd'hui, une chaîne de télévision vaut mieux qu'une arme nucléaire. On défend un pays avec une télévision pas avec des armes. Nous sommes en retard, un travail énorme nous attend. Aujourd'hui, nous sommes obligés de tout reconstruire. Il faut former des gens dans les domaines artistique, production, management, on ne va pas ramener des Anglais ou des Américains fabriquer nos propres télévisions comme l'a fait Al Jazeera», dit-il. Même le P-DG de Beur TV, Réda Mehigueni, dont la télévision est de droit français, a accueilli avec satisfaction cette annonce d'ouverture du champ audiovisuel aux privés. «C'est une bonne chose pour l'Algérie et pour son image dans le monde.» «Pour notre part, nous attendons le texte d'application. Beur TV est une chaîne de droit français, elle entend le rester mais cette annonce va nous permettre de nous installer dans le paysage algérien et obtenir un agrément afin de travailler en toute liberté», souligne-t-il. Interrogé sur la conséquence de cette ouverture audiovisuelle aux privés sur l'avenir de l'Entv, nos spécialistes ont été unanimes à dire que cette décision va au contraire améliorer le contenu de la télévision. «J'ai toujours revendiqué le fait qu'il faut avoir un puissant groupe public de télévision, comme c'est le cas en Espagne, en France, en Angleterre, en Italie ou en Hollande», a expliqué Abdou B, avant d'ajouter: «Le scénario de la presse écrite ne risque pas de se reproduire puisque les nouvelles chaînes privées seront soumises à un cahier des charges imposé par le nouveau Conseil supérieur de l'audiovisuel». Même avis exprimé par Ahmed Bedjaoui, qui affirme qu'à terme cette ouverture va profiter à l'Entv, qui verra la charge de travail allégée. Cette donne a été vérifiée dans des pays en Europe et en Amérique du Nord. Elle installera la concurrence et donnera plus de créativité et plus de qualité aux programmes des télévisions publiques. En définitive, la concurrence du privé sera bénéfique pour l'Entv. Un avis que partage le producteur Bachir Derais, qui ajoute que cette ouverture va rendre service à l'Entv, qui va rehausser le niveau. L'Entv a les moyens techniques, matériels et humains pour dépasser les chaînes privées, même s'il reste encore un long chemin à parcourir pour avoir un paysage audiovisuel de qualité. Enfin, Mme Samira Hadjdjilani, ex-directrice du bureau de Khalifa TV à Alger, a affirmé que la décision du Conseil des ministres d'ouvrir le secteur de l'audiovisuel aux privés est évidemment une excellente nouvelle pour le pays d'une manière générale qui se met au diapason de la quasi-totalité des pays dans le monde. Disposer de plusieurs chaînes de télévision permettra aussi aux Algériens de zapper, mais cette fois-ci à l'intérieur du paysage audiovisuel national. Par ailleurs, en tant que professionnel de l'audiovisuel, je pense que cette ouverture va booster la production audiovisuelle et va lui donner des normes de travail pour que la concurrence s'instaure. On espère que les textes d'application qui seront promulgués seront élaborés en concertation avec les professionnels du secteur de même qu'ils seront représentés à l'intérieur de l'Autorité de régulation. Enfin il y a lieu de s'interroger sérieusement sur les futurs opérateurs privés de l'audiovisuel. S'agira-t-il de ceux qu'on appelle les puissances de l'argent ou bien l'Etat compte-t-il encourager par des montages financiers des professionnels du secteur à monter des projets TV? Il serait intéressant de pouvoir encourager des chaînes TV de tailles moyennes à dimension locale pour favoriser la proximité avec les citoyens, et encourager les chaînes thématiques.