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«Nous ne voulons pas être déportés»
SINISTRES DE REGHAIA
Publié dans L'Expression le 31 - 07 - 2003

Les 50 locataires rescapés de la tour n° 10, ex-cité militaire, dans la commune de Reghaïa, qui a été durement frappée par le séisme du 21 mai dernier, refusent d'être «déportés» de leur actuel site d'hébergement: un camp de toile érigé sur le site même de ce que fut leur ancien bâtiment, désormais complètement effondré. Ces derniers, sommés de rejoindre les appartements censés les abriter définitivement, n'entendent pas «obtempérer». Ces appartements des f2 et f3, sont trop éloignés pour ces citoyens. Un de leurs représentants, Taleb Abdelbaki, un père de famille qui a perdu femme et enfants dans le terrible drame du début de l'été, nous dit: «La proposition que leur font les pouvoirs publics pour leur relogement est plutôt empreint, d'injustice.» «Initialement nous logions dans des appartements de type f4 et f3 et voilà que nous risquons de nous retrouver dans des logements petits! Par ailleurs, l'on n'a pas hésité à loger nos voisins du même bâtiment dans une cité beaucoup plus proche de la capitale, comme c'est le cas de ceux qui sont actuellement résidents à Chéraga, Kouba et Ouled Fayet», poursuit-il dépité. Comme il ajoute que la manière dont sont venus les responsables chargés de leur évacuation vers ce qui est supposé être leur futur lieu d'hébergement, était plutôt équivoque à en croire notre interlocuteur qui déclare que des bus ont été dépêchés à leur camp de toile vers une heure peu orthodoxe: 20 h, avec pour ordre de destination, la frontière de la commune de Zeralda, plus précisément à Thassala el Merdja, située à 90 km de leur lieu de «résidence» . Ce qu'ils ont énergiquement contesté ce soir-là. Pour l'heure, cette population demeure récalcitrante à tout transfert. Bien qu'auparavant, un comité ait été désigné pour défendre leurs droits en ces moments difficiles où le recours au pot-de-vin et autres subterfuges ne serait pas exclu dans un processus de relogement encore tâtonnant et empreint de polémique. Aujourd'hui, la cinquantaine de locataires encore à cheval entre un déplacement imminent et une sédentarité volontaire au précaire camp de toile à l'endroit de la défunte cité de dix étages, préfère ne déléguer son sort à aucune association de sinistrés. En attendant, le site qui les abrite est sécurisé. Mais nombreux sont les hommes qui passent des nuits blanches pour prêter main forte aux éléments officiels, chargés de leur sécurité immédiate.
Apparemment, ces citoyens encore marqués par le séisme n'ont pas encore fait le deuil du terrible événement qui a fini par créer une situation inédite à laquelle doit faire face l'administration, appelée à faire preuve de célérité et de justice sur un terrain miné de prédations. Face à l'ampleur de la tâche qu'impose un relogement en catastrophe, l'Etat pourra-t-il compter sur la collaboration citoyenne, tellement nécessaire en ces moments difficiles?

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