Se trouvant, il y a quelques mois au creux de la vague, le RND s'est brusquement placé sur le devant de la scène politique. «Nous n'avons rien à nous reprocher, notre parcours professionnel plaide pour nous. Le peuple n'est pas dupe, il sait qui est qui.» C'est en ces termes que Abderrezak Dahdouh, membre du bureau politique du FLN, a tenu à répondre aux accusations dont a fait l'objet son parti. Réputé pour ses déclarations aux «non-dits», Dahdouh a laissé entendre que le pourfendeur du FLN traîne derrière lui un lourd dossier au même titre que son institution partisane, le RND. Le parti de Benflis ira-t-il jusqu'à révéler ce dossier? Au rythme où vont les choses, il faut s'attendre, de part et d'autre, à des révélations qui risquent de faire éclabousser des certitudes. Chihab Seddik, membre du bureau national du RND, a critiqué, mercredi dernier à Alger, sans retenue l'ex-Chef du gouvernement, Ali Benflis, qui selon lui n'avait pas «les capacités managériales» de gérer un Exécutif. «C'est pour cette raison que le pays a perdu un grand nombre d'acquis en l'espace de 33 mois», a-t-il dit ajoutant que «Benflis a fait régresser le pays au lieu de le faire avancer». Au moment où les politiques, les économistes, les observateurs nationaux et internationaux s'accordent à dire que la situation est en nette amélioration, en tout point de vue, en Algérie, Chihab s'est essayé à un exercice de comparaison inadéquat pour défendre le règne d'Ahmed Ouyahia à la chefferie du gouvernement durant la période 1995-1998. Il déclare: «En 1998, lorsque Ahmed Ouyahia a quitté le gouvernement, les salariés des différentes entreprises publiques ont perçu leurs indemnités. Le comble est qu'on se retrouve aujourd'hui avec 60.000 salaires impayés.» La réponse de Dahdouh, même si elle n'est pas explicite, renvoie à plusieurs tares que traîne le RND depuis sa création. La fraude électorale massive de 1997, l'épisode des cadres incarcérés sous le règne d'Ouyahia, le code de l'information devenu «le code pénal bis» l'affaire des incendies dans les prisons, toujours sous le règne d'Ouyahia en tant que ministre de la Justice. Cela sans compter l'allusion faite en filigrane à Chihab Seddik quant à son passé politique. «J'aurais préféré ne pas répondre mais s'il le faut je dirai que nous sommes pour une cause noble qui est le processus démocratique et la souveraineté du peuple, l'avènement d'une société de libertés et solidarité réelle», a-t-il dit avant d'ajouter: «Nos intentions sont très claires : ceux qui veulent nous détourner de notre démarche se trompent de débat. Nous avons lancé un appel à tous les militants de notre parti, comme l'a annoncé le secrétaire général, pour établir une charte politique pour l'avènement d'une véritable démocratie.» Se trouvant il y a quelques mois au creux de la vague à la suite du faible résultat qu'il réalisé lors des élections législatives du 30 mai, le RND s'est brusquement placé sur le devant de la scène politique. Renforcé par la présence de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, à la tête du gouvernement, le RND se propose comme un parti de l'«alternative» pour la sortie de la crise à laquelle a été amené le pays. Alger, Béjaïa, Oran et El-Oued ont connu des rencontres animées par des responsables de ce parti pour expliquer les recommandations du deuxième congrès du RND.