Un auteur immense qui a su traduire la vie et les préoccupations du petit peuple citadin Après la Syrie et le Liban, c'est la première fois en Algérie qu'on verra les livres de Dib traduits en utilisant l'arabe dialectal pour le dialogue. Quand on sait le problème de détention de droit de traduction et d'édition dans un pays, on se dit qu'arriver enfin à s'approprier un auteur algérien hautement édité à l'étranger est une gageure. Comme l'a si bien fait remarquer lors d'un point de presse pour annoncer le programme du prochain Sila, Youssef Sayeh, responsable de l'animation culturelle dans son volet européen au sein du Sila, toutes les tentatives d'acquérir les droits d'édition de Kateb Yacine en Algérie s'avèrent vaines. Sans citer ladite maison d'édition française qui détient l'exclusivité et ne veut pas s'en dessaisir, nos éditeurs algériens sont souvent confrontés à ce gros problème épineux. Alors, quand les journalistes leur demandent pourquoi ne pas publier un grand auteur algérien vivant en France, c'est l'incompréhension totale qui s'installe de ce côté-ci et l'impuissance du côté de l'éditeur. La maison d'édition Sédia est, faut-t-il le souligner, la seule ou presque qui est arrivée à conclure ce marché et rendre à César ce qui lui appartient. La traduction est le cheval de bataille de Sédia Edition. En effet, cela fait quelques années qu'elle s'intéresse aux livres de nos écrivains installés en France en prenant le soin de les rééditer en Algérie. C'est pour cela que nous retrouvons désormais plus facilement les ouvrages de Anouar ben Malek, Yasmina Khadra ou Malika Mokkedem pour ne citer que ceux-là en Algérie et à des prix plus au moins abordables car tout est relatif. Aujourd'hui, après la Syrie et le Liban, l'Algérie prend la peine de traduire la trilogie de Mohamed Dib (La Grande maison, L'Incendie et Le Métier à tisser) et les publie chez Sédia, dans sa collection Mosaïque. La traduction est signée Ahmed Ben Mohamed Bakelli. Celle-ci est d'autant plus truculente qu'elle crée une ambiance purement algérienne en utilisant l'arabe dialectal pour le dialogue. La traduction a été faite avec l'aide du ministère de la Culture dans le cadre de «Tlemcen, capitale de la culture islamique». La parution a eu lieu en ce mois de septembre 2011 et sera disponible au Sila (Salon international du livre d'Alger qui s'ouvre aujourd'hui et se tient jusqu'au 1er octobre) sur le stand de la Sedia. Considéré comme l'un des pères fondateurs de la littérature algérienne de langue française, Mohamed Dib est né en 1920 à Tlemcen. Il a été instituteur, puis comptable, interprète, journaliste, romancier et poète. Il a exercé différents métiers en Algérie avant de s'installer en France en 1959. Il a retrouvé les photographies de son enfance qu'il a prises en 1946 à Tlemcen. Un regard plein de tendresse et d'émotions sur sa famille, sa ville et l'Histoire en contrepoint d'une actualité dramatique. Toute la force et le talent du ´´photographe amateur´´! Mohamed Dib s'est éteint le 2 mai 2003, laissant un immense patrimoine littéraire à lire et relire.