Parmi ces écrivains traduits, on peut citer Anouar Benmalek, Yasmina Khadra, Nina Bouraoui, Hamid Grine, Boualem Sansal. Des oeuvres à découvrir au Sila... L'hiver installé et les embouteillages nombreux, la conférence de presse organisée par les éditions Sédia, au Théâtre de verdure, a débuté avec une heure et demie de retard. En ce temps de disette culturelle, l'attente en valait la chandelle. Deux écrivains algériens sur les quatre invités sont venus présenter leurs oeuvres traduites en langue arabe, sans oublier Joseph Bouakl (directeur général de Dar El Farabi). Un exploit qui, sous d'autres cieux, ne serait qu'un fait banal mais qui, hélas, chez nous, se transforme en véritable gageure de combat. Nos deux écrivains n'ont, de ce fait, pas manqué de marquer leur contentement à la suite de cet événement heureux...«Je suis très heureux que mon livre soit traduit, car nous avons en Algérie un problème stupide, celui de la dichotomie des langues» Et Yasmina Khadra d'abonder dans le même sens: «C'est une victoire sur nous même de voir certains écrivains traduits en arabe, car c'est aussi stupide de voir que le monde arabe se désintéresse de ses auteurs. C'est un soulagement, car on me demande souvent quand mes livres seront traduits en langue arabe...» M.Joseph Bouakl qui dira, d'emblée, s'adresser au lectorat arabe, fera remarquer que le but de son travail, consiste à mettre à la disposition des Algériens et du monde arabe ces livres en grande quantité, eu égard à l'importance des livres traduits dans d'autres langues qu'on connaît. «L'important est que ce livre soit distribué en Algérie et partout ailleurs sachant que des auteurs sont traduits dans 6 ou 7 langues étrangères et pas en arabe». Et Yasmina de bondir en relevant qu'il est traduit dans une trentaine de langues dans le monde. Un fait qui vient corroborer ce manque d'intérêt, parfois pour nos auteurs, quand ceux-la ne sont même pas connus chez eux, en Algérie. Pour sa part, Anouar Benmalek regrettera que les livres traduits par le commissariat de «Alger, capitale de la culture arabe» ne soient qu'un fait épisodique qui se limitera à cette année. «C'est d'autant plus frustrant et blessant de voir aussi que les achats de droits sont financés par la France. Or, il serait normal que l'Algérie en fasse autant». L'auteur de L'Enfant du peuple ancien regrettera que l'Etat ne fasse rien pour redresser la situation de la culture en Algérie, arguant que c'est grâce à la chose culturelle qu' «on peut se débarrasser des terroristes, de l'intolérance et construire un Etat fiable.» «Je suis attristé que l'Etat ne comprenne pas cela, car il y va de la survie de la nation.» Et Yasmina Khadra de répliquer: «L'Etat en est bien conscient, mais il ne fait rien, c'est à nous de faire quelque chose. Notre erreur est d'attendre à ce que l'Etat fasse quelque chose. Il faut apprendre à nous aimer...Ceci est notre plus grand drame.» Revenant à la collection Mosaïque qui a eu l'ingénieuse idée de «rapatrier» nos écrivains, Radia Abed fera remarquer que, compte tenu de la cherté du financement de la traduction en Algérie dans un marché aussi réduit, il a fallu avoir recours à la coédition. «Comme vous le savez, le commissariat de «Alger, capitale de la culture arabe» a choisi de ne pas traduire certains auteurs comme Malika Mokeddem, il fallait trouver un soutien financier pour assurer les frais de traduction. Ce soutien nous l'avons trouvé chez notre collègue libanais de Dar El Farabi, qui nous a permis de sortir plusieurs tirages y compris dans le monde arabe Cette traduction s'est faite, nous assure-t-on, une partie par des traducteurs algériens et une autre par des auteurs libanais donc entre ici et ailleurs. «En fait, on n'est même pas connus chez nous. Nous sommes "une rumeur". Les jeunes ne nous lisent pas. C'est pourquoi je ressens une profonde amertume». Et Yasmina Khadra de souligner: «Ce sont des choses de la vie. On apprend ces choses dès son enfance. Je suis étonné qu'un enfant algérien ne connaisse pas Mouloud Feraoun. J'ai personnellement reçu pas mal de prix des lycéens en France. Je rencontre partout des lycéens. Ici, hélas! on n'en veut pas». Triste réalité de la traduction en Algérie. Comme on dit, «doucement mais sûrement», on espère que nos auteurs parviendront à aller à la découverte de leur public...Même si c'est le contraire qui se fait ordinairement ailleurs. Alors, si vous voulez faire plus ample connaissance avec ces écrivains algériens de talent, une seule chose: il suffit d'aller au Salon international du livre. Au Stand Sédia. Vous trouverez peut-être votre bonheur...Des auteurs majeurs, incontournables à découvrir absolument.