En matière d'accident de circulation mortel, le législateur a prévu la non-assistance à personne en danger et le délit de fuite... Le drame de la route du Caroubier de Boudouaou (Boumerdès) avait frappé les esprits au moment d'un regrettable accident de la circulation qui a vu Salim vingt et un ans subtiliser les clés de la voiture de papa prendre le volant, rouler sur une route pourtant quasi déserte car située en rase campagne entre la ville de Boudouaou et le Caroubier, un village niché sur les hauteurs de la wilaya de Boumerdès et écraser un bambin ado de treize ans qui a succombé aux blessures occasionnées la veille. Le drame a vu son épilogue dans la salle d'audience du tribunal de Boudouaou où le jeune juge et le jeune parquetier devaient statuer sur ce cas d'homicide involontaire avec non-assistance à personne en danger. Grave, très grave. C'était si grave que, affolés, les parents ont constitué trois avocats et des poids lourds Jugez-en: outre la jeune Amlel, élève du fougueux Maître Benouadah Lamouri, nous avions noté la présence à la barre de ce monstre sacré de Maître Saïd Handjar et le frétillant Rebahi qui dépassera ce que l'on appelle «Dramatiser les faits soulevant des montagnes». A croire que le trio d'avocats constitués par le papa de la victime avait concocté une stratégie contre l'unique avocate de Salim. R. qui regrettera à vie le jour où il prit le volant de la BMW de son père pour parader avec, de quoi épater les copains du coin. Et sur le plan de la stratégie, Maître Farida Djellad-Siad aura presque réussi son pari car elle a tout fait et beaucoup dit pour sauver les meubles surtout que le représentant du ministère public a réclamé la peine de cinq ans d'emprisonnement ferme qui s'est longuement attardé sur la non-assistance à personne en danger et donc le délit de fuite. Même les avocats de la partie civile n'y sont pas allés de main morte. Pas du tout. «Monsieur le président, la défense présente à la famille du défunt ses sincères condoléances et prie le tribunal d'accepter nos plus vives protestations car on a parlé de meurtre. C'était un accident de la circulation qui peut arriver à tout moment même à des...magistrats ou des avocats. A entendre les confrères, devra-t-on pendre Salim? L'envoyer à vie au bagne? Non, soyons réalistes. L'accident a eu lieu en plein mois d'août. Il faisait quarante degrés à l'ombre à dix-sept heures. Et cette précision me pousse à poser cette question: que faisait ce gamin à cette heure de l'après-midi sur cette route quasiment déserte. Le choc a eu lieu sur la droite du détenu. Oui, mon client a fauté. Il a fauté en volant les clés à son père. Il a fauté en ayant peur et en s'enfuyant craignant les foudres de son père», s'était exclamée Maître Djellad, comme pour marteler ses fameuses question posées à la maman meurtrie. Des questions franchement déstabilisatrices, gênantes, ce qui a mis la mère dans une fâcheuse situation surtout que dans un cas d'homicide involontaire, d'accident mortel, les parents des victimes ont tendance à trop employer les verbes: «tuer, assassiner, et autres éliminer» alors qu'en l'espèce, ni l'inculpé, ni la victime, ni leurs familles ne se connaissaient... «J'ignorais le lendemain que la victime avait succombé à ses blessures. Je me suis enfui après le choc car j'avais eu subitement peur de mon père, réalisant le vol de clés que j'ai fait», avait reconnu l'inculpé qui écopera d'une peine de deux ans ferme, un verdict qui a mécontenté toutes les parties: la famille de la victime, le parquet et l'inculpé estimant la peine trop dure pour un accident. Oui, mais il y a non-assistance à personne en danger. Rendez-vous à Boumerdès..