Ould Ali El-Hadi est incontestablement la première victime de ce début d'accord entre le gouvernement et le RCD. Une délégation de l'aile MCB proche du RCD, conduite par Mouloud Lounaouci, a été reçue mercredi dernier par le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Cette prise de langue entre le RCD et le pouvoir intervient à un moment où le MCB est au centre d'une lutte entre les différents animateurs du mouvement. En effet, quelques semaines après la rencontre l'aile MCB proche du RCD, Ould Ali El-Hadi, dissident du parti de Saïd Sadi qui ambitionne de créer un MCB autonome de toute emprise partisane, tient présentement une université d'été. Des sources proches du ministère de l'Intérieur ont révélé à L'Expression qu'il a effectivement été question de la tendance Ould Ali El-Hadi. Nos sources indiquent que les deux parties ont évoqué la question de la structuration du MCB, de sorte que le mouvement ait une direction reconnue légalement par le département de Zerhouni, à l'issue d'un congrès que compte organiser le MCB-RCD. En d'autres termes, Lounaouci veut couper l'herbe sous le pied d'Ould Ali El-Hadi et s'affirmer comme premier responsable «légitime» du Mouvement culturel berbère. D'autres sources affirment que Zerhouni, loin d'être fermé à une pareille proposition, a proposé un deal à la délégation conduite par Lounaouci, à savoir qu'au prochain conclave interwilayas des ârchs, les délégués partisans proches du RCD prennent fait et cause pour l'option du dialogue, évitant de chahuter les débats. Ould Ali El-Hadi, dont l'université d'été se tient à l'Ecole des arts dramatiques de Bordj El-Kiffan, sous la tutelle du ministère de la Culture, est incontestablement la première victime de ce début d'accord entre le gouvernement et le RCD, qui intervient à un moment où le parti de Sadi est au creux de la vague à quelques mois de la prochaine présidentielle. Une question, d'ailleurs abordée, affirme-t-on, de sources concordantes, lors de l'entrevue Zerhouni-Lounaouci. En effet, une promesse a été faite par l'envoyé de Sadi de préparer l'opinion locale en Kabylie à une participation au vote, aux fins d'éviter une plus grande marginalisation de cette région du pays. De son côté, le ministre a promis d'étudier l'éventualité d'une dissolution de l'APN et des assemblées locales, juste après le prochain rendez-vous électoral, mais a réclamé en retour un coup de main du RCD à la campagne du Président de la République, arguant que le pouvoir a sérieusement entrepris la promotion de tamazight, à travers la décision prise récemment et qui concerne la généralisation de son enseignement dans les écoles de la République. Un argument sur lequel peut s'appuyer le RCD pour justifier un recentrage de sa position vis-à-vis de la politique du chef de l'Etat. Les deux parties ont convenu, apprend-on de sources proches de la délégation du MCB, de se revoir pour mieux peaufiner cette nouvelle démarche qui consiste en gros à un rapprochement entre Bouteflika et Saïd Sadi, à l'occasion de la prochaine consultation électorale. Cela dit, le RCD souhaiterait hâter le processus en demandant au ministre de l'Intérieur un geste de bonne volonté de la part du Président de la République afin de rendre plus crédible la future position du parti. En d'autres termes, la formation de Sadi souhaite quelques décisions spectaculaires de la part du chef de l'Etat, à même de rendre plausible un éventuel soutien du RCD à la candidature de Bouteflika. Un revirement qui peut paraître impensable. Cependant, le président du RCD est un habitué des positions contradictoires.