«Je suis un président légitime et cette légitimité je la puise de la base militante», a-t-il défendu. Sans surprise, Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), est réélu à la tête du parti pour un nouveau mandat de cinq ans. Le ministre d'Etat a gagné un double pari: celui de se maintenir à la tête de cette formation islamiste mais surtout, et c'est le plus important, d'écarter ses principaux rivaux de la direction du parti; l'on citera entre autres MM.Abdelmadjid Menasra, Salem Chérif, Abdelkader Semmari, Ahmed Dane En effet, MM.Abderrezak Mokri et Mohammed Megharia Hadj Hamou réputés proches de Soltani ont été élu vice-présidents du parti, alors que M.Abderrahmane Saïdi, qui représente la troisième voie ou la voie neutre, a été élu président du conseil consultatif par le congrès. Ce dernier a procédé également à l'élection des 262 membres du conseil. Tout s'est déroulé donc comme a souhaité le successeur de cheikh Mahfoud Nahnah. Très sûr de ses chances, il n'a concédé aucune des questions sujettes à polémique entre les deux ailes. Quel sera l'avenir des «opposants»? L'Expression a interrogé, hier, l'heureux élu à la sortie du congrès. La réponse de Bouguerra est sans ambages: «Celui qui est convaincu de nos idées est le bienvenu dans le parti. Pour les autres, la porte du dialogue restera ouverte», affirme notre interlocuteur. Soltani semblait dire cela sans grande conviction. Le plébiscite du congrès le place dans une position de force, selon les observateurs. Rien ne l'oblige à cohabiter avec ses adversaires, précise une source proche du parti. Un avis qui n'est pas partagé par l'ensemble des cadres. Une source proche du parti nous confie que «les innombrables irrégularités ayant émaillé ce congrès vont entacher le mandat quinquennal de Soltani et l'affaiblir». «Soltani a gagné certes plusieurs batailles. C'est plus important évidemment, mais la guerre est loin d'être finie», affirme notre interlocuteur. Dans ce contexte, apostrophé sur ce point, M.Soltani dément «les allégations de certains cercles qui ont souhaité déstabiliser le congrès». «Il n'y a pas eu de fraude. Le congrès s'est déroulé dans une transparence totale, comme l'avaient souhaité les délégués. Concernant les problèmes enregistrés dans l'organisation du congrès, il est important de signaler que ce n'était pas volontaire. Cela se produit dans les congrès de tous les partis politiques», ajoute-t-il. Bouguerra Soltani défend qu'il a mérité ce mandat et qu'il n'a, aujourd'hui, «ni complexe ni remords». «Le dernier mot fut accordé aux congressistes, qui ont pris leur décision en toute souveraineté. Je suis un président légitime et cette légitimité je la puise de la base militante», se défend-il. Il faut noter que la procédure d'élection du président du parti a connu des modifications pour ce 4e congrès. Soltani a été plébiscité par les congressistes. Le conseil consultatif (majliss echoura) s'était réuni ensuite pour avaliser sa candidature à la présidence du parti. Bouguerra Soltani préservera-il son portefeuille ministériel? Un haut cadre au sein du parti reconnaît que la question n'est pas tranchée. «Ce point sera abordé dans le règlement intérieur du parti, lequel sera soumis plus tard aux instances du parti.» Rappelons que le congrès a connu plusieurs «suspensions d'ordre technique» suite à la séance inaugurale de mardi, imputées par les organisateurs à «des facteurs d'ordre organisationnel». Le principal rival de Soltani, M.Abdelmadjid Menasra, avait annoncé, vendredi après-midi, son retrait de la course à la présidence du mouvement devant les délégués au congrès, justifiant sa décision par le souci de «préserver l'unité et la cohésion du parti».