Aucun rapport sécuritaire n'est définitivement établi sur l'origine des ravisseurs. Le chef des preneurs d'otages, tout comme la composante même du groupe armé, pose toujours problème aux autorités. Il est, certes, établi que les ravisseurs se réclament du Groupe salafite pour la prédication et le combat (Gspc), mais il est tout à fait clair aussi que le lien est à ce point lâche pour inciter à douter. Le message de l'armée et des services de renseignement a été clair, le groupe des preneurs d'otages se réclame du Gspc. Voilà donc un premier constat. Le second est celui des propres déclarations de 17 otages libérés dans la région d'Amgrid, et qui toutes précisent que le groupe se réclame du Gspc. Le troisième est constitué par une cassette enregistrée par les ravisseurs (un procédé très «made in Qaîda») et qui aurait été réceptionnée par les autorités maliennes. En tout cas, c'est ce que disent des sources maliennes, mais du contenu de ces cassettes, on ne sait rien. Des sources précisant notamment, que le chef des preneurs d'otages serait Amari Saïfi, plus connu sous le nom de Abderazzak El Para, un des membres fondateurs du Gspc, en septembre 1998, et second dans la hiérarchie militaro-terroriste du Gspc. Or là, il est une question qui se pose d'elle-même et demande d'être éclaircie : s'agit-il d'une opération montée par le Gpsc, version Hattab Hacène, émir national et autorité suprême de l'organisation? Ou alors d'un spectaculaire coup d'éclat de la part de Abderazak El Para qui n'aurait ni l'assentiment, ni encore moins la bénédiction du chef du Gspc? A bien observer, c'est bien la deuxième solution qui semble la plus indiquée. Pour plusieurs raisons: d'abord, nous sommes bien en face d'une lutte de leadership entre Hattab et Saïfi pour prendre en main la direction totale et sans concessions du Gspc. Pour Saïfi, il serait temps de faire bande à part, et pour Hattab il est plus qu'impérieux de se débarrasser d'un lieutenant hégémoniste et ambitieux. Cette constatation, tout le monde l'avait notée lors de l'élimination en février 2003 à Batna, de l'émissaire yéménite Imad Abdelouahid Alouane, envoyé spécial d'une organisation islamiste transnationale (Al Qaîda, selon les services de sécurité) pour prendre langue avec Hacène Hattab. Or, et pendant plusieurs semaines, celui-ci a été empêché de rencontrer l'émir national du Gspc, «Abderazak El Para estimant qu'il était qualifié tout autant que Hattab, sinon plus, à négocier avec l'émissaire de la Direction d'Al Qaîda», cite un rapport des services de renseignement. Un deuxième constat à faire est celui d'une connexion Abderazak El Para, Mokhtar Belmokhtar (émir du Gspc pour la région Sud), et non pas Hattab, Belmokhtar. Ce dernier, natif de Ghardaïa, un des plus anciens chefs de zone du GIA, avant son intégration au Gspc, a toujours prêté allégeance à El Para, à qui il envoyait des armes à profusion, qu'il achetait des groupes rebelles du Mali et du Niger avant de les acheminer vers les maquis algériens, où s'était installé Abderezak El Para. Autre détail à relever, l'inanité du rapt contre des étrangers pour Hattab dont l'action et la stratégie ne cadrent aucunement avec l'enlèvement et le rapt de touristes. On arrive même à se demander comment les preneurs d'otages vont se sortir d'un guêpier qui n'aboutit à rien. Isolés de leurs soutiens, perdus dans le désert du Mali, avec les millions d'euros en main, ils sont voués à être la proie désignée de tous les aventuriers et les services de sécurité de la région...Un dérivé du Gspc qui s'entoure de mystère et qui ne donne pas encore une lecture visible de ses visées. Voilà en clair la nébuleuse qui a tenté de faire banco. On serait encore tenté de dire que les lectures simples de l'action de ce groupe s'identifient à un simplisme très suspect.