Un véritable réquisitoire contre les délégués partisans a été dressé pour la circonstance. La figure de proue du mouvement citoyen à Béjaïa a animé, hier, au siège de notre bureau, une conférence de presse où il est revenu largement sur les raisons ayant motivé son retrait et celui de son comité de la structure de la CIC Béjaïa, en précisant, d'emblée, son caractère «définitif». Un véritable réquisitoire contre les délégués partisans intrumentalisés par les partis politiques et le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie a été dressé pour la circonstance. Ces derniers sont accusés, outre du fait qu'ils «sont à l'origine de la démobilisation citoyenne», «de pousser le mouvement vers une dérive menaçant l'unité nationale». Le porte-parole du CSC d'El-Kseur juge que «le mouvement citoyen est devenu une proie de certains groupes et partis politiques». «Le mouvement pullule de délégués partisans et d'autonomistes», dit-il. Se disant «incapable de comprendre la politique de surenchères de certains délégués» qu'il ne nomme pas, Ali Gherbi considère leur comportement comme «une manoeuvre tendant à discréditer le mouvement citoyen et à asseoir leur idéologie partisane aux fins de gangrener le mouvement citoyen et de le faire imploser». Il fera ensuite un constat, selon lequel, depuis le 5 août 2002, «nous avons constaté qu'il y a une volonté de discréditer les délégués consensuels», souligne-t-il en faisant état d'un certain nombre «de revirements de position de certains délégués» qui sont, estime-t-il «des indices révélateurs de la présence de détracteurs à l'intérieur des structures». Les interpellations qu'il a, lui-même, faites lors des conclaves, meetings et conférences pour «protéger le mouvement et sa cohésion», ont été vaines, affirme-t-il devant «les agissements de ces forces malsaines». «C'est pour cela que nous avons décidé de quitter la Cicb et non le mouvement», précise-t-il en faisant part «d'une stratégie que le CSC d'El-Kseur a élaboré afin de poursuivrent le combat», allant jusqu'à avertir le pouvoir: «Si d'ici au 20 août l'opération de libération des détenus n'est pas achevée et que des explicitations ne sont pas apportées aux termes ayant entaché l'appel du Président de la République (conditions jugées à même de rassurer la population et réussir les pourparlers préliminaires) nous descendrons sur le terrain.» Il n'omettra pas d'appeler «les populations, prises en otage par les délégués partisans, d'agir en urgence afin de déjouer ces manoeuvres». Revenant sur les entraves dont sont auteurs les «délégués intrusmentalisés qui ne représentent qu'eux-mêmes» et qui travaillent «contre la base s'ils en ont une», s'est-il interrogé, il citera «les blocages des conclaves». Ali Gherbi en veut pour preuve «des réunions clandestines organisées entre délégués partisans à la veille de chaque conclave durant lesquelles des instructions leur sont données pour bloquer le consensus». En définitive, Ali Gherbi avoue «ne plus pouvoir cautionner ses dérives». La goutte qui a fait déborder le vase a été la dernière rencontre de Sidi Aïch où, explique-t-il, «la présence d'un délégué du Cpwb, exclu des ârchs, était pour nous inacceptable et une offense à la mémoire des martyrs du Printemps noir». Abordant l'offre de dialogue, la figure charismatique des ârchs de Béjaïa, qui était accompagnée de trois autres délégués du CSC, s'en est tenue «à la déclaration de la Cicb dont l'esprit repose essentiellement sur celle faite par son comité», au lendemain de l'appel d'Ouyahia. Interrogé si ce n'est pas, justement, l'appel du pouvoir qui est à l'origine de la division, le conférencier est resté catégorique: «L'offre de dialogue n'a pas divisé», pour lui «la population en est favorable». «Ce sont les délégués fantoches qui font apparaître cette division», soutient-il en arguant qu'ils (les délégués partisans) vont jusqu'à «soumettre l'idée de rejet de la prochaine présidentielle» faisant ainsi «entorse aux principes directeurs du mouvement» qui énoncent «la fin du rejet une fois la satisfaction des revendications annoncée». Ce que le conférencier estime acquis en se référant aux deux derniers appels du pouvoir. Questionné sur un éventuel appel du Chef du gouvernement pour une rencontre préliminaire dont a fait écho notre journal, Ali Gherbi déclare «en prendre acte et en discuter», tout en rejetant que «des délégués soient désignés à l'avance». «Toute invitation doit s'adresser au mouvement», clamera-t-il en considérant que «inviter directement des délégués équivaut à les jeter en pâture». La figure de proue du mouvement citoyen nous déclarera à la fin et en exclusivité avoir fait l'objet d'un guet-apens le 29 mai dernier en précisant que «cette tentative d'assassinat» à laquelle elle a échappé «est l'oeuvre de délégués partisans».