L'amendement de l'avant-projet régissant la profession reste la revendication phare de la corporation. Les robes noires se sont entendues, hier, à l'issue de leur assemblée générale tenue à Béjaïa, d'observer une grève de trois jours à partir du 25 du mois en cours. C'est la principale résolution qui exprime parfaitement leur volonté de faire barrage au projet de loi relatif à la profession d'avocat. Réunis en assemblée générale au campus d'Aboudaou de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, les représentants des 15 barreaux se sont montrés particulièrement mécontents du mutisme du ministère de la Justice quant aux nombreuses propositions et résolutions qui lui ont été soumises. Le silence radio du ministre a donné lieu à un mécontentement général au point de sortir avec ladite résolution de grève. Dans la foulée, les avocats ont décidé du gel de la désignation d'office réclamant au passage la création de la mutuelle des avocats, la baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à 5%, le paiement des impôts à la source, l'enrichissement du Code de procédures pénales. L'amendement de l'avant-projet reste l'autre revendication phare de la corporation. Le malaise est profond pour la profession avec pour origine un texte de loi, qui doit prochainement être soumis au vote des députés. Les avocats voient dans cet avant-projet une volonté visant à la «caporalisation de la profession». «Les résolutions ont été retenues par notre assemblée générale qui est souveraine. Les résolutions, qui seront retenues à son issue, seront soumises au ministère de la Justice et au président de la République», a précisé avant-hier le président du bâtonnat de Béjaïa et membre du barreau national Me Dris Abderahmane. Les avocats réclament l'amendement d'une grande partie des articles proposés. Les avocats jugent qu'à travers eux se dessine une volonté de mise sous tutelle de la justice et de la profession d'avocat. La révision du Code de procédure civile et administrative, qui est à sa deuxième année d'application, a été également évoquée suite aux difficultés rencontrées sur le terrain. Il s'agit, notamment du volet de la traduction des documents. Deux jours durant, les différents intervenants se sont relayés à la tribune pour insister sur le caractère régressif et particulièrement préoccupant de ce texte de loi. La mise sous tutelle de l'Ordre des avocats et les sanctions disciplinaires qui pourraient être introduites contre des avocats sont une épée de Damoclès. Il en est de même pour ce qui est de l'organisation de la profession. Au bout du compte, les avocats ont plaidé à l'unanimité pour le retrait du texte de loi ou son amendement dans le sens de la préservation de la liberté de la profession. Un délai de moins de dix jours est donné aux pouvoirs publics pour satisfaire ces revendications. Faute de quoi, la décision des robes noires est clairement expliquée. Le risque n'est pas à écarter au niveau de certains barreaux notamment, qui ne sont pas à sous-estimer et face également à la volonté du gouvernement qui s'illustre à travers la réactivation de ce projet datant de trois ans.