Le trafic ferroviaire était paralysé hier. L'autorail devant rallier la capitale du pays comme chaque jour depuis plus de deux ans a rebroussé chemin à hauteur du passage à niveau situé sur le territoire de la commune de Semaoune. Des villageois de Semaoune ont manifesté leur opposition quant aux nouveaux prix des billets appliqués par les transporteurs. Suite à quoi, le trafic ferroviaire a été paralysé. La voie ferrée a été fermée au passage à niveau n°58, entre El Kseur et Fénaïa Ilmathen, selon un responsable au niveau de la gare ferroviaire de la ville de Béjaïa. Au total, ce sont cinq dessertes qui ont été annulées dont deux la matinée et trois l'après-midi. L'autorail assurant la navette entre Béjaïa et Alger a été immobilisé avant de retourner au point de départ. Un autre train qui a démarré de la gare de Béni Mansour a rebroussé lui aussi chemin avant même d'arriver à Ilmathen. Les protestataires ont eu recours à cette action pour «faire entendre» leur revendication, à savoir le maintien de l'ancien prix du transport interurbain. L'occasion a été saisie pour réclamer l'amélioration des conditions de vie dans leurs villages «abandonnés», selon eux. Cette action a été appuyée par une autre qui a vu le chemin de wilaya reliant Semaoune à Béni Djellil obstrué au moyen de pierres et de tronc d'arbres pour les mêmes motifs. Hier, les passagers rencontrés à la gare de Béjaïa n'ont pas manqué d'exprimer leur colère contre cette manière de faire. «Qu'ai-je à voir avec les augmentations des tarifs de transport?», a rechigné ce passager de l'autorail qui devait rallier la capitale pour une affaire. Cette autre dame s'est orientée directement vers un taxi pour rallier Alger où elle devrait subir une intervention chirurgicale. Là encore? Rien n'était sûr car la rumeur faisait état de blocage de la RN 26. Une information qui s'est avérée par la suite sans fondement. Le ras-le-bol est général dans la région de Béjaïa. Il n'y a pas un jour sans sa peine. Les déplacements sont devenus périlleux pour de nombreuses personnes. Qu'on soit opérateurs économiques ou simple citoyen vaquant à ses occupations, l'incertitude est toujours au rendez-vous. On n'est jamais sûr de rien. Face au «laxisme» dont font preuve les services concernés, les voyageurs s'interrogent sur les lendemains. «On comprend vite la volonté de pousser au pourrissement», nous indique ce voyageur. «J'ai raté ces derniers mois plusieurs rendez-vous à Alger», déclare-t-il non sans faire montre de son pessimisme quant à l'avenir de la région. Tout le monde souffre et aucune solution ne se dessine à l'horizon. Si les auteurs de la fermeture des routes jugent que c'est là l'ultime recours, ceux chargés de répondre aux revendications observent un mutisme déconcertant. Personne ne semble s'émouvoir de cette recrudescence des manifestations musclées et de leurs conséquences sur l'économie locale et le quotidien des citoyens. Jusqu'à quand?