En attendant l'arrivée des récoltes de novembre, les ménagères continueront à débourser le prix fort. Une nouvelle fois, les bourses sont mises à rude épreuve. La pomme de terre, ce féculent essentiel dans l'alimentation des couches les plus démunies est cédé ces derniers jours entre 50 et 70 DA. Les raisons sont connues de tous. Les intermédiaires dictent leur loi. La période caractérisée par un manque du produit, les productions d'arrière-saison n'étant pas encore disponibles, les trabendistes recourent aux productions stockées dans les chambres froides. L'absence totale de l'Etat avantage cette pratique qu'aucun économiste avéré ne peut comprendre. Les chambres froides sont cédées dans le cadre d'un dispositif de soutien aux agriculteurs. Hélas, et pour des raisons injustifiées, des opportunistes ont acquis ce bien pour l'utiliser non pas à la régulation du marché mais pour influer sur ce dernier. La seconde raison qui avantage la spéculation reste l'inexistence de marchés de gros contrôlés. Même si la wilaya a prévu la réalisation de ce genre de site à Aïn Bessem, Bouira, le retard accusé dans la réalisation reste une aubaine pour les partisans de l'informel qui profitent de l'occasion. Le paradoxe que beaucoup n'arrivent pas à comprendre est le fait que Bouira reste la troisième wilaya du pays dans la production de la pomme de terre, mais le produit est très cher comparativement à d'autres wilayas. Même si les pouvoirs publics ont accordé des facilités telle que la disponibilité de l'eau à partir des barrages qui irriguent les périmètres d'El Esnam et des Arribs, les prix restent excessifs. Du côté des agriculteurs aussi, on se plaint de la mainmise des intermédiaires qui tirent le maximum de profit de la situation. C'est avec nostalgie que beaucoup évoquent l'ère de l'économie dirïgée et les ex-Ofla. En attendant l'arrivée des récoltes de novembre, les ménagères continueront à débourser le prix fort pour un produit verdâtre et insipide comme les frites, qui ne sont plus croustillantes mais élastiques. Précisons aussi que les autres légumes et fruits n'échappent pas à cette hausse, devenue avec le temps une fâcheuse habitude. Toujours en matière de produits alimentaires, l'eau des robinets au chef-lieu de wilaya continue de délier les langues. Depuis bientôt deux mois, le liquide est légèrement ocre et dégage une certaine odeur. Malgré les garanties et les engagements de la direction de l'Algérienne des eaux quant à l'inexistence d'un quelconque risque, les citoyens se rabattent sur l'eau minérale. Ces derniers jours et comme si cela ne suffisait pas, une eau sablonneuse coule dans les robinets. Pour l'odeur et la couleur, la direction concernée avance un argument scientifique, à savoir le phénomène de la décomposition et la remontée en période de grosses chaleurs des particules dues à l'hydrogène sulfurique. Pour le reste, c'est dû aux canalisations vétustes qui, pour certaines, datent de l'ère coloniale. La tuyauterie en amiante ou en fonte reste la principale cause des fuites qui entraînent des infiltrations. Pour pallier tout risque d'épidémie, des contrôles sont effectués quotidiennement sur le réseau. Si le risque est écarté il demeure que cette eau cause des désagréments que les responsables doivent régler, les portefeuilles déjà vidés par les multiples dépenses et hausses ne sont pas en mesure de supporter un budget imprévu. Les plus téméraires n'hésitent pas à recourir aux eaux des sources d'El «Mouhbgal», au sud et «Slim» sur le versant sud du Djurdjura.