En éternel itinérant, Mohand Saïd Ziad a franchi les frontières de l'imagination et a fait de l'imaginaire une réalité palpable. Grâce au journaliste et auteur Saïd Mecherri de Mekla, il a été rendu possible la publication d'un recueil des chroniques de Mohand Saïd Ziad. Le livre vient de paraître aux éditions «El Amel» de Tizi Ouzou et permet un voyage aussi bien dans le temps que dans la culture kabyle dans toute sa profondeur. Le livre offre des dizaines d'histoires sous forme de contes. L'objectif, en les racontant, est de dire les choses autrement pour mieux les percevoir et mieux les comprendre. L'être humain a souvent besoin d'images pour illustrer les situations des plus cocasses aux plus invraisemblables. Mohand Saïd Ziad a occupé pendant longtemps la colonne d'un journal mythique: Algérie Actualité. C'était au temps où acheter un journal était chose exceptionnelle. Une époque où il n'y avait pas encore d'Internet, ni de téléphone portable ni de numérique. Lire un journal de la facture d'Algérie Actualité était plus qu'une passion pour des dizaines de milliers d'Algériens. Dans sa rubrique hebdomadaire, Mohand Saïd Ziad, qui vit actuellement dans son village natal Djemaâ Saharidj, dans la wilaya de Tizi Ouzou, contribuait à sa manière à l'édification d'un journal que tous les lecteurs regrettent aujourd'hui. La lecture du livre qui vient d'être publié pourrait constituer une bouffée d'oxygène. Un moment où la nostalgie ne manquera pas de surgir non sans toutefois constater combien ces histoires léguées par nos aïeux sont toujours d'une brûlante actualité. L'édition de toutes ces histoires succulentes et empreintes de sagesse était dans l'air depuis des années mais il fallait qu'il y ait un déclic pour que ce qui était un rêve de Mohand Saïd Ziad se réalise enfin. Le mérite revient donc à Saïd Mecherri. Ce dernier souligne d'ailleurs, dans l'avant-propos, que les histoires en question permettent de donner la vision qu'a l'auteur de la société. «En éternel itinérant, Mohand Saïd Ziad a franchi les frontières de l'imagination et a fait de l'imaginaire une réalité palpable. Il a eu sa colonne réservée dans les pages du journal Algérie Actualité. Cela a fait de lui une référence-sans qu'il le reconnaisse lui-même- que chacun s'efforce d'imiter sans parvenir à l'égaler», note Saïd Mecherri. Après avoir retracé le parcours de Mohand Saïd Ziad, Saïd Mecherri souligne qu'aujourd'hui encore, Mohand Saïd Ziad, de retour au village natal, retrouve les vieilles habitudes, le jardin refleurissant sous ses mains habiles faisant reverdir des lieux qu'il avait trop longtemps désertés au profit de la plume. «Vous voulez lui rendre visite? Vous le trouverez accroupi entre ces plantes dont il connaît tout, ces fleurs qui ont besoin de ses soins et ces arbres qui l'ont attendu si patiemment», enchaîne Saïd Mecherri. Ce dernier rappelle qu'en 2009, à l'occasion de la Journée de la liberté de la presse, la corporation des journalistes de Tizi Ouzou avait organisé une cérémonie en hommage à Mohand Saïd Ziad lequel, pour des problèmes de santé, n'a pas pu être présent. C'est Saïd Mecherri qui lui a remis le cadeau qui lui était destiné en cette occasion. Le livre de Mohand Saïd Ziad s'ouvre sur l'histoire du chacal et du hérisson. Le récit est entamé avec l'inévitable formule «Il était une fois...» Puis viennent les autres histoires telles que Les comploteurs, Le lion et la femme, L'oeil du maître, Le journaliste et le jardinier, L'envieux, Le vieil homme et ses enfants, La grand-mère et la bru et la liste est encore très longue. Chacun de ces récits pousse et incite à une méditation profonde. Beaucoup de proverbes kabyles, très usités aujourd'hui, sont le résumé de ces contes où l'auteur mêle la pure imagination à la réalité implacable. Lire les histoires que raconte Mohand Saïd Ziad, c'est aller en profondeur dans une culture plusieurs fois millénaire mais qui est restée, jusqu'à ces dernières années, purement orale. Les contes tout comme la poésie, sont restés pendant des siècles l'unique courroie de transmission de la sagesse populaire. Le livre de Mohand Saïd Ziad vient s'ajouter aux autres ouvrages qui permettent aujourd'hui à la culture kabyle de passer allègrement de l'oralité à l'écrit.