Le Festival a pris sa vitesse de croisière Le Théâtre régional de Béjaïa a abrité samedi dernier une pièce de théâtre bien originale venue tout droit de la Guinée. Tension, sorcellerie et bouffonnerie éparses, tels sont les ingrédients de cette pièce de théâtre venue de la Guinée, présentée samedi dernier au Théâtre régional de Béjaïa dans le cadre du Festival international du théâtre. L'Anniversaire est son nom. Il s'agit d'une adaptation «africaine» d'une oeuvre écrite en 1959 par l'Anglais Harold Pinter, prix Nobel de littérature. Une pièce classée dans le genre théâtre de la menace. Bien que la trame soit politique, son metteur en scène Ibrahima Sory Tounkara a choisi un autre versant pour l'aborder. «La menace en Afrique n'est pas que politique, c'est dans l'organisation sociale, même», affirme-t-il. Un ancien membre d'une organisation secrète qui n y croit plus. Il s'en détache et va se cacher dans une pension. Au bout d'un an, il est retrouvé par ses anciens camarades qui lui jettent un sort, le jour de son présumé anniversaire. On veut le récupérer de force, mais ce dernier refuse et leur propose de partir. Il est désormais sous l'emprise de la sorcellerie. Toute la maison festoie en son honneur... L'aspect menace plane ainsi au-dessus de sa tête. Le metteur en scène, aussi comédien et dramaturge, a choisi d'emblée d'écarter le volet politique au détriment du socio-populaire, bien que celui-ci a un lien souvent direct chez les populations africaines. Le metteur en scène a pris partie du côté de la comédie et de l'esbroufe, mais l'histoire reste tout de même quelque peu ambiguë. Une table, trois chaînes, des ustensiles de cuisine et des cordes faisant office de fenêtres constituent sommairement le décor de cette pièce. Avec six personnages de caractère différent, un père loueur de chaise à la plage, une épouse un peu cinglée, une fille délurée et deux hommes déterminés, sans oublier le jeune Stan avec ses éternels lunettes noires, tout paraît décalé. Les personnages évoluent dans un univers à la fois absurde et complexe. «Aujourd'hui tous les Africains croient à la sorcellerie, au sort, au maraboutisme. Les gens, à tort ou à raison, pensent qu'il y a des choses qui les menacent. Nous avons voulu ramener ce spectacle dans un contexte purement africain. Après, c'est vrai, qu'avec nos mots, nos gestuelles, notre décor, cela donne un trait spécial à la pièce. Après, c'est le public qui apprécie ou pas», a fait remarquer Ibrahima Sory Tounkara. Créée au mois de mars dernier, cette pièce, qui nécessite plus de rodage, selon son metteur en scène, a été jouée en tout quatre fois, en comptant l'Algérie. C'est la seconde fois par contre qu'Ibrahima Sory vient en Algérie. C'est avec la production théâtrale Ultime Voyage qu'il est venu en 2009 dans le cadre du Festival culturel panafricain. Cette pièce avait été donnée au Théâtre national algérien mais aussi à Béjaïa. «Béjaïa c'est une ville que j'aime bien. Parfois, on a des coups de coeur pour un pays, une ville, une cité, comme ça. Et Béjaïa en fait partie. J'espère que l'on reviendra une prochaine fois», nous a avoué le metteur en scène au milieu des félicitations du public.